Economie numérique

Surnommée l’usine à Start-ups, Stockholm concentre 80% des 10.000 jeunes entreprises du pays, avec une emphase particulière sur les innovations numériques. Ces jeunes pousses s’épanouissent dans un écosystème complet, entre autres avec un engagement public (incubateurs, financements initiaux, formations techniques) qui perdure par-delà les coalitions gouvernementales. Ce sont à présent 7 licornes (sociétés récentes à capitalisation supérieure au milliard de dollars) qui sont sorties du berceau suédois, plaçant l’écosystème de Stockholm juste derrière la Sillicon Valley. La capitale nordique est sans doute, après Londres, le bon endroit en Europe pour tenter d’attirer des financements. Le sous-secteur de la Fintech est, par ailleurs, celui qui connait la plus forte croissance mais les secteurs porteurs avec le plus de résonance pour les entreprises wallonnes sont la santé digitale, smart media et gaming.

Biotech et pharma

La Suède est à la pointe de la recherche scientifique, en particulier dans la lutte contre le cancer et le diabète. Les sous-traitants (CRO) belges sont reconnus à l’international, malgré une concurrence acharnée (2,500 sociétés en Europe) et doivent se positionner pour soutenir cette recherche suédoise. Une différentiation forte est de proposer un co-développement, une ouverture à la collaboration R&D plutôt que jouer le rôle d’un simple prestataire de services.

La capacité à assembler (Biobanques, Real World Evidence) et analyser (big data et AI) les masses de données médicales a été présentée aux Nordic Life Sciences Days comme la prochaine révolution à suivre (les pays nordiques reconnaissent ne pas être moteur dans ces domaines).

Les grandes sociétés de pharma (Astra Zeneca, Novo Nordisk,…) essayent d’intégrer les innovations (surtout de la biotech) en leur sein et traversent une phase de réorganisation et recentrage R&D.

Construction

Les organisations des grandes agglomérations (Stockholm, Göteborg, Malmö) partagent toutes le défi d’une population grandissante et d’une offre de logements insuffisante. Cette pression au résultat combinée à l’oligarchie des sociétés du BTP sur le marché suédois pousse à une large standardisation qui privilégie les solutions éprouvées, aux normes environnementales minimales, sans pousser l’innovation dans ce domaine. Les architectures ne jouent ici qu’un rôle d’exécutant/technicien et cette structure de marché doit être prise en compte par les sociétés intéressées à le pénétrer.

Dans le résidentiel public, le manque de concurrence étrangère a gonflé les coûts, 20% supérieurs aux autres pays européens. Bien que les pouvoirs publics poussent à l’ouverture dans l’octroi des marchés publics, seules les grandes structures de construction ont les moyens d’installer une capacité locale afin de profiter de cette opportunité. Les sociétés wallonnes doivent plutôt viser d’offrir leurs solutions sur des produits où l’offre locale est très faible et/ou onéreuse (cuisines, plaines de jeux, photovoltaïque,…).

Infrastructures ferroviaires

Lors du Building Network Conference en 2018, la Suède (Trafikverket) a confirmé des budgets importants pour la rénovation et la construction de nouvelles lignes de chemins de fer. Le projet de pose de lignes de trains à grande vitesse reliant les trois centres urbains a vu ses premiers tronçons entamés. La coalition gouvernementale venant d’être reconduite devrait confirmer l’engagement budgétaire pour cet énorme projet d’infrastructure. L’autre projet d’envergure est l’extension du métro de Stockholm.

Répondre aux offres de marché public demande rigueur et surtout ténacité, sans espérer une collaboration avec les concurrents locaux. Une piste plus simple serait pour nos sous-traitants du rail et de l’infrastructure (également routière) d’offrir leurs solutions aux prétendants suédois plutôt que d’aller en direct.

Ville intelligente : mobilité intelligente/électrique et réseau électrique intelligent

La forte industrie automobile nationale (Volvo Cars&Trucks, Scania Trucks) a dû, pour se maintenir, investir lourdement en R&D pour rester à la pointe de l’innovation. Cet environnement est stratégique pour tout développeur d’applications pour l’automobile intelligente.

Le gouvernement vient par ailleurs d’annoncer son ambition d’interdire la vente des véhicules non-électriques (diesel et essence) dès 2030.

Ces deux éléments présagent un secteur suédois de la mobilité électrique fort, et avec un focus pour des solutions durables (green batteries). Le fait que l’Université d’Uppsala et l’Université technique Chalmers sont impliquées dans la recherche au niveau européen sur les batteries du futur, pourrait donner des collaborations scientifiques sur le sujet.

Liée à cet essor prochain de la mobilité électrique et des énergies renouvelables est la question de la capacité et de la gestion flexible du réseau électrique. Il se trouve que le réseau suédois est en sous-capacité à ce stade, avant même la généralisation du transport électrique, ce qui va demander de grands investissements à moyen-terme. La Suède en est au déploiement de la seconde génération de compteurs intelligents, couvrant la partie demande, mais les changements du côté de l’offre et de l’infrastructure électrique sont encore à faire.

Silver economy

Comme tous les pays développés de l’OCDE, la Suède est confrontée au vieillissement de sa population. Avec ses 9,7 millions d’habitants, elle a la deuxième plus large proportion en Europe de personnes âgées de 80 ans ou plus (5,3%), leur nombre atteignant les 800 000 personnes d’ici 20 ans. 18% de la population actuelle a, par ailleurs, déjà passé le cap des 65 ans. Le pays commence à développer de manière intensive des solutions, numériques ou non, pour adapter infrastructures et services aux besoins de seniors à haut pouvoir d’achat. Le gouvernement a, par exemple, adopté un agenda stratégique pour des solutions « intelligentes » en la matière.

Nouveaux matériaux

Le développement de nouveaux matériaux à usage industriel est une priorité et fait partie intégrante de la stratégie de Smart Industry du gouvernement. L’écosystème de recherche est très développé, avec un budget annuel de 200 millions d’euros dans la recherche publique et l’équivalent dans la R&D au sein des entreprises.

Centraux sont l’Institut de recherche SWEREA ainsi que Chalmers et KTH, les universités techniques de Göteborg et Stockholm. Lund se spécialise dans les nanomatériaux et Boras dans le textile. L’Agence de l’innovation VINNOVA et le Conseil de la Recherche FORMAS ont lancé, par ailleurs, une initiative stratégique d’innovation pour les matériaux métalliques. Du côté des entreprises, Stora Enso s’est spécialisée dans les matériaux bio-sourcés et travaille avec H&M sur le volet textile.

La recherche sur les nouveaux matériaux se focalise, d’une part, sur les fibres de bois (70% du pays en sont recouverts), et d’autre part, sur les métaux. Dans les deux cas, c’est un besoin d’efficacité, d’impact environnemental limité et de connectivité qui guide la recherche et les applications dans ce domaine.

Ecosystèmes de recherche

La fermeture des activités d’Astra Zeneca à Malmö (sud de la Suède) il y a quelques années, a créé un véritable appel d’air pour un écosystème d’innovation biotech. Alliée avec l’autre rive danoise, la Medicon Valley/Village représente une concentration d’innovation médicale sans équivalent en Europe. L’arrivée de l’accélérateur de particules nouvelle génération (ESS) à Lund va aussi alimenter ces recherches et le dynamisme de cette Grande Région.

Les deux autres hotspots du territoire sont les hôpitaux universitaires à Stockholm (Karolinska) et Uppsala (Akademiska).

Retour en haut back to top