Grandes tendances du marché

En 2014, la croissance économique indienne est restée à un niveau relativement bas par rapport à ce que le pays a connu les années précédentes, mais aussi en comparaison avec les taux de croissance des pays voisins. Au 3e trimestre 2014, le taux de croissance économique annuel était ainsi de 5,3 % sur l’année écoulée, soit légèrement moins que le taux de 5,7 % enregistré au 2e trimestre.

Ces chiffres sont cependant meilleurs que ceux de 2013 et les analystes s’attendent à ce que la croissance repasse au-dessus des 6 % dès cette année. Il va sans dire que ces chiffres modestes pour l’Inde feraient envier n’importe quel pays européen. Les bases de l’économie demeurent en outre solides : population jeune et bien formée, classe moyenne en augmentation, taux d’épargne élevé, marché domestique important et relativement peu affecté par les crises mondiales, ... Et l’arrivée au pouvoir du gouvernement Modi a insufflé un nouvel optimisme à travers l’ensemble des secteurs d’activité.

L’élection de Narendra Modi au poste de Premier Ministre en mai est certainement l’événement marquant de l’année 2014. Ancien Chief Minister de l’Etat du Gujarat, référence indienne en matière de développement économique, Mr. Modi suscite de nombreuses attentes auprès de la population indienne. Cette population espère ainsi voir le modèle de réussite du Gujarat étendu à l’ensemble du pays. En effet, le Premier Ministre avait largement fait campagne sur le thème du redressement économique. Il a insufflé le vent de l'action auprès de ses cocitoyens. La très grande majorité se déclare encore très satisfaitede son action. Les entrepreneurs se sentent dans un climat favorable et l'envie de faire du business et d'aller de l'avant est très claire.

Suite à la baisse des investissements étrangers enregistrée lors de l’exercice fiscal précédent, une des priorités économiques du gouvernement est d’attirer davantage de capital et de projets industriels. Le Premier Ministre a ainsi lancé son ambitieuse campagne « Make in India » fin septembre. La volonté principale de ce programme est de développer l’industrie manufacturière, qui ne représente que 16 % du PIB indien aujourd’hui, pour le faire passer à 25 % du PIB dans les prochaines années, tout en créant des emplois. Il s'agit bien entendu de promouvoir également  l'outsourcing des sociétés étrangères en Inde. Toutefois, il faut noter qu'il existe encore de nombreuses entraves au développement de filiales étrangères en Inder (administration lourde et opaque, difficutés de trouver des terrains adéquats, structure de taxation complexe et consommatrice de temps, barrières non-tarifaires à l'importation même de composants intermédiaires, productivité faible, compréhension incertaine,...).

Outre ces objectifs ciblés, l’idée est aussi d’instaurer graduellement une mentalité visant à faciliter les affaires et réduire la bureaucratie. Cela se traduit notamment par l’instauration d’un « single window portal » pour les investisseurs et la poursuite du développement de nouvelles zones économiques exclusives.

Un accent important est mis sur les infrastructures – condition sine qua non au développement du pays. Le gouvernement a ainsi annoncé un objectif de construction de 23km de routes par jour en moyenne. Pas moins de 50 nouveaux aéroports sont annoncés à moyen terme. De nouveaux ports, couloirs industriels (Delhi-Mumbai, Chennai-Bangalore, Amritsar-Delhi-Kolkata) et une centaine de « Smart Cities » figurent également parmi les plans du gouvernement. Quant au nettoyage du Gange, il s’agit d’un projet pharaonique supervisé par la National Mission for Clean Ganga. Devant s’étaler sur 25 ans au moins, ce projet pourrait être l’occasion pour nos sociétés notamment de mettre en avant leur expertise et leur savoir-faire technologique en matière de traitement de l’eau.

Dans le domaine des chemins de fer aussi, le budget du nouveau gouvernement est ambitieux. La volonté d’attirer en grand nombre les investissements et l’innovation technologique est manifeste. Le secteur ferroviaire indien s’ouvre en outre aux investissements directs étrangers (autorisés avec une participation jusqu’à 100 %, à l’exception de certains segments stratégiques). Ces investissements sont par exemple encouragés dans les couloirs de fret et les connexions entre les ports et les mines.

Le gouvernement Modi prévoit également la création de lignes ferroviaires à grande vitesse. Les seuils d’investissement étranger dans les secteurs des assurances et de la défense ont également été relevés, à 26 % et 49 % respectivement.

Ce rétablissement de confiance et ce nouvel environnement propice aux affaires devraient profiter aux entreprises étrangères. Les candidats wallons désireux de participer aux projets qui se dessinent auront toutes les chances d’obtenir une part du gâteau pour autant qu’elles se montrent ambitieuses, patientes et persévérantes.

Le climat de confiance retrouvé s’est également traduit par un renforcement de la roupie en fin d’année.

Dans le secteur de la grande distribution, par contre, le nouveau gouvernement continue de se montrer opposé aux investissements directs étrangers. Ainsi, le groupe français Carrefour, qui était présent en Inde dans la vente de gros en attendant l’ouverture du marché de détail, a décidé de quitter le marché.

Depuis le succès de l’événement annuel Vibrant Gujarat, destiné à promouvoir les investissements et les échanges commerciaux avec cet Etat, de nombreux autres Etats indiens développent des initiatives similaires: Madhya Pradesh, Rajasthan, Bengale Occidental, Uttarakhand, pour en citer quelques-uns. Si ces événements ne présentent pas toujours un intérêt immédiat pour nos entreprises, ils donnent néanmoins une bonne image des possibilités d’investissement qui y sont offertes et des projets qui y sont développés.

Par ailleurs, la concurrence entre Etats indiens qui s’instaure ainsi ne peut être que bénéfique pour une entreprise désireuse d’investir ici.

Du point de vue des barrières à l’importation, des contentieux subsistent en matière d’interprétation des réglementations relatives à l’étiquetage des produits alimentaires.

Plusieurs sociétés étrangères, notamment belges, ont continué de voir leurs cargaisons de produits alimentaires bloquées dans des ports indiens. Ces problèmes étaient toutefois en voie d’être résolus au cours des derniers mois de l’année – l’interprétation des règlementations étant devenue plus consistante.

 

Si l’Inde continue d’être un marché porteur pour un grand nombre de secteurs d’activité, les initiatives gouvernementales et l’actualité économique ont, en 2014 (et ce sera le cas dans les années à venir aussi), mis en avant des projets de grande envergure dans les domaines suivants : traitement de l’eau, gestion des déchets, énergies renouvelables, technologies vertes, efficacité énergétique, optimisation des processus industriels, travaux d’infrastructure (route-rail-air-voies navigables), construction durable, logistique et soins de santé (médical, pharmaceutique, biotechnologies).

En outre, plusieurs autres secteurs – technologies de l’information, chimie, aérospatial, défense, tourisme et agro-alimentaire notamment – regorgent d’opportunités intéressantes pour nos sociétés.

  Il faudra également prendre en compte que :

-  l'Inde reste un marché en croissance avec une population de 1,3 milliard de personnes : même si 600 millions d’entre elles sont dans la grande pauvreté, la progression du reste de la population signifie que chaque jour de nouvelles personnes accèdent à des biens de consommation pour la première fois. Tout ce qui est nécessaire pour produire ces biens de consommation est en croissance et mérite d’être considéré, y compris les matières premières et matériaux intermédiaires : acier, verre, …

- les infrastructures sont très en retard, le gouvernement a mis l’emphase sur le secteur ferroviaire, plusieurs métrovilles (= très grandes agglomérations : Mumbai, Pune…) construisent des métros aériens

- le tourisme se développe pour les nouvelles classes moyennes : le gouvernement veut étendre le réseau ferroviaire aux villes de pèlerinage touristique

- le développement de nouveaux logements est indispensable et rentre dans le plan de développement de « smart cities » dans des « corridor de développement », entre Mumbai et Delhi, via le Gujarat et le Rajasthan et entre Bengalore et Chennai dans le Sud. Ces corridors nécessitent aussi des trains à grande vitesse, de l’industrialisation… Les smart cities ont besoin de planning urbanistique, d’infrastructure (eau, canalisation, électricité et énergie verte, traitement des déchets, déplacement…), de constructions, d’écoles et université, entreprises…

- le traitement des déchets solides, municipaux, ou dans l’eau est un sujet actuel, beaucoup de tenders ont lieu, emmené par le projet phare « Clean Ganga ». Les technologies étrangères sont recherchées et des partenariats sont possibles pour créer des joint-ventures

-le gouvernement a mis en place des plans pour produire de l’énergie verte : éolien on shore ou off-shore (projet pilote devrait bientôt commencer au large du Gujarat), parc solaire avec technologies de pointe, entre autre dans le Gujarat : concessions disponible, projets privés de bio-méthanisation se heurtant à la problématique de la ségrégation des déchets

- le besoin en énergie est immense, et des centrales thermiques se développent un peu partout. Chaque entreprise importante a généralement une production d’énergie propre, pouvant découler en une branche « énergie » de l’entreprise

- PPP : le premier Ministre était auparavant responsable de l’Etat du Gujarat où il a mis en place plusieurs PPP : Partenariat Privé-Public, où le gouvernement prend en charge la partie du projet qui handicaperait l’entreprise privée, qui ferait que l’entreprise privée ne souhaiterait pas investir dans le projet. Les PPP se développent à présent dans toute l’Inde pour les grands projets gouvernementaux.

- les zones de développement avec spécificité propres (réduction de taxes sous certaines conditions, certaines formalités simplifiées, impossibilité de recours environnemental…) se multiplient.

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