Depuis quelques années, le monde du commerce international s’était habitué à un calme – presque – plat sur le front de la parité EURO (EUR) contre DOLLAR AMERICAIN (USD). Depuis 2010 jusqu’à l’automne 2014, le cours USD contre EUR a toujours été supérieur à 1.30 USD pour 1 EUR.

En moins de neuf mois, il se situe actuellement proche de la parité, c.-à-d. entre 1.05 et 1.10 USD pour 1 EUR. 

Du point de vue macro-économique, on peut espérer que les entreprises européennes et donc wallonnes en profitent pour renforcer leur position sur les marchés de la zone EURO ou liés à la devise commune (la plupart des pays adhérents de l’UE mais ne faisant pas partie de la zone EURO). Les concurrents non-communautaires, traitant dans une devise autre que l’EURO, voyant le prix de leurs produits s’apprécier de près de 30 % devraient en principe voir leur compétitivité remise en cause en Europe du fait de la hausse de leurs coûts propres, mais aussi de ceux du transport maritime ou aérien qui sont également généralement exprimés en USD. 

La donne sera-t-elle désormais favorable pour les exportateurs européens? A priori, oui sauf… s’ils sont obligés d’importer une part significative de matières premières ou semi-produits pour les intégrer dans leur propre produit.

Un autre danger est de voir les exportateurs dont la majorité des coûts est en EUR (salaire, matière première, …) qui ont négocié leurs contrats en USD se reposer sur leurs lauriers en découvrant depuis quelques semaines une amélioration inattendue de leur marge résultant de la baisse du cours de l’EURO.

Il est utile de rappeler que l’entreprise n’a pas pour vocation de spéculer et qu’elle devrait donc couvrir le risque de change auquel elle est exposée via sa banque.

Nul ne peut en effet prédire la tendance des cours de change.

En conclusion:

si l’entreprise veut réduire son exposition aux risques de change, elle devrait avoir pour principe :

  • d’avoir des coûts dans la devise à laquelle elle vend à ses clients (l’entreprise paie des salaires et ses fournisseurs en EURO);
  • d’avoir un maximum de coûts dans la devise à laquelle elle a vendu à son client (sous-traiter ou acheter dans la devise qu’elle recevra de son client) et éventuellement couvrir en risque de change l’excédent;
  • couvrir en risque de change ses achats réalisés en USD, par ex. si elle vend en EUR;
  • couvrir en risque de change les paiements de son client réalisés en USD, par ex. si elle a des coûts en EUR.

La marge bénéficiaire réduite de la majorité des entreprises wallonnes, face à leurs concurrents, devrait les inciter à profiter de la baisse de l’EURO pour renforcer leur présence sur les marchés internationaux tout en restant vigilantes et en couvrant leurs risques de change. 

N.B. : il y a autant de risques de change que de devises nationales puisque le coût de couverture d’un risque de change est essentiellement au taux d’intérêt de chacune des devises. 

Vincent REPAY - Conseiller en Commerce extérieur

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