La notion de minerai stratégique est liée à leur importance dans la chaîne de production, à leur niveau de rareté et à leur position géographique. Ces minerais contribuent à la stabilité économique, sont ingérés dans la compétition technologique, et sont un enjeu de la sécurité économique des Etats et des entreprises. Parmi ceux-ci, l’on retrouve deux minerais pour lesquels le Chili est devenu l’incontournable figure phare de la production mondiale : le cuivre et le lithium. Effectivement, le Chili est le premier producteur mondial de cuivre et possède environ 40 % des réserves mondiales de lithium, ce précieux métal clé pour la chaîne de production de véhicules électriques et du matériel électronique.

Cuivre :

En effet, bien que les quatre dernières années aient été marquées par une légère récession de la production de cuivre au Chili, le pays atteignait déjà en Juillet 2019 une production de 3.249 tonnes de cuivre sur une production mondiale d’un peu plus de 10.000 tonnes. Ce record historique place le Chili comme premier producteur mondial du cuivre prenant en charge la production de plus du 30% de la production mondiale. De plus,le Chili détient également les premières réserves mondiales du métal rouge, estimées à 22%. Selon Jorge Cantallopts, Directeurs d’Etudes et de Politiques Publiques de la Commission Chilienne du Cuivre (Cochiclo), la production de cuivre au chili pour l’année 2019 devrait atteindre 5,96 millions de tonnes. Pour 2020 celle-ci devrait légèrement dépasser les 6 millions.

Utilisé pour la fabrication de câblages électriques et de tuyauteries, pour la fabrication de condensateurs et échangeurs thermiques et en médecine en magnétothérapie, le cuivre est également le minerai le plus usité dans les secteurs innovants tels que l’électronique et ses dérivés. En effet, la plupart des antennes et des cartes électroniques des téléphones portables actuels sont fabriquées avec du Cuivre en provenance du Chili. À l’heure actuelle, le prix moyen actuel du cuivre selon la London Metal Exhange (LME) se situe à 5.773 US$ la tonne, ou approximativement 5,2€ le kilo.

Selon Baldo Prokurica, Ministre du secteur Minier, et Jorge Cantallopts, le marché actuel du cuivre est « techniquement en équilibre, avec une demande légèrement supérieure à l’offre […] ». Grâce à ce contexte favorable, Cochiclo maintient ses projections du cours du cuivre à 3,05 US$ la livre pour 2019 et à 3,08 US$ pour 2020.

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Vous pouvez également le consulter sur le site de KME.

Dans l’activité minière du cuivre, quatre acteurs dominent actuellement le marché au Chili :

  • Corporación Nacional del Cobre (Codelco) : entreprise détenue à 100% par l’Etat chilien, opère dans sept sites miniers de cuivre et représente 1/3 de la production du pays
  • BHP Billiton : groupe australien opérant à « Minera Escondida » (la plus grande mine du pays) et à « Pampa Norte », détient 18% de la production nationale
  • Antofagasta Minerals : acteur privé chilien et partie du groupe Luksi exploitant les mines de Los Pelambres, Centinela, Atucoya et Zaldivar
  • Anglo-American : groupe britannico-sud-africain exploitant les mines de Collahuasi.

Au niveau national, selon les recherches menées dans le cadre de l’investigation « Impact Economique et Social du Secteur Minier du Cuivre au Chili »[1], cette activité économique serait responsable de 10% du PIB total du pays depuis les vingt dernières années, ainsi que de 7,8% des recettes fiscales. En 2017, grâce l’évolution favorable des cours du cuivre (augmentation de 22% par rapport à 2016), le secteur minier était responsable à lui seul d’un revenu de 38,3 milliards US$, soit 15,5% du PIB national. En juillet 2019, le secteur minier en général employait près de 800.000 personnes de façon directe et indirecte, participant ainsi à la création du 9,3% des emplois nationaux. Pour certaines régions du pays, le secteur minier est responsable de plus de 50% des emplois ; c’est notamment le cas des régions d’Antofagasta (62%) et Atacama (54%).

Au niveau international, le Chili est la 42ème plus grande économie d’exportation dans le monde avec un total d’exportations de plus de 70 milliards de dollars américains. Parmi ces exportations, nous retrouvons en tête de liste le minerai de cuivre et le cuivre raffiné avec 16,6 et 14,9 milliards de dollars respectivement et 2,41 milliards de cuivre brut. Selon l’Observatoire de la Complexité Economique, ces exportations regroupées représentaient en 2017 l’équivalent du 45% des exportations totales du pays. Bien que le bilan international reste positif pour le Chili, il est intéressant de souligner que selon Sergio Lehman, économiste et CEO de BCI, la guerre commerciale sino-américaine n’aura pas été sans conséquences pour les exportations chiliennes. En effet, le Service National de Douanes annonçait sur son site web une diminution des exportations de 18,7% pour le mois d’août 2019. De plus, les prix du cuivre et de la cellulose s’étaient également vus affectés en raison d’une diminution des ventes vers les Etats Unis de 10% et vers la Chine de 11%.

Lithium :

Le Chili se démarque également dans la production de lithium. Couramment appelé « l’or blanc de la technologie », ce minerai stratégique est de plus en plus convoité sur la scène internationale de par ses utilisations technologiques. En effet, ce minerai est notamment utilisé comme matériel de base dans la fabrication de batteries lithium-ion pour le marché de l’informatique et de la téléphonie, mais aussi dans la fabrication de batteries automobiles. C’est grâce à ce dernier secteur que l’extraction et la consommation du lithium est en hausse contestante depuis les dernières années et atteignait en 2011 un record de cotisation historique.

Le saviez-vous ?

Elon Musk, CEO de TESLA, a annoncé vouloir créer des batteries électriques Lithium-ion (LIB) avec une durée de vie non moins d’un million de miles (1,6 m de KM).

Les recherches sont actuellement menées par Jeff Dahm, le plus grand scientifique R&D en LIB.

La plus grande concentration de lithium au monde se trouve à la limite géographique entre le Chili, l’Argentine et la Bolivie. Avec plus de 85% des réserves mondiales, cette zone est également connue comme le triangle de lithium, et est souvent considérée comme « l’Arabie Saoudite de l’Amérique Latine », car les réserves de lithium dans la région sont comparables aux réserves de pétrole de l’Arabie Saoudite. Au Chili, ce minerai est majoritairement concentré dans le Salar de Atacama, au nord du Pays, un gisement dans lequel se concentrent plus de 40% des réserves mondiales. Jusqu’en 2016, le Chili dominait le marché international du lithium en se plaçant en tête de liste des producteurs mondiaux. À l’heure actuelle, le Chili est le second plus grand producteur de lithium au monde derrière l’Australie et devant l’Argentine.

Pendant des décennies, l’exploitation du lithium au Chili n’était permise qu’à deux sociétés : l’acteur américain Albermarle et sa filiale la Sociedad Chilena de Litio, et l’acteur chilien Sociedad Quimica y Minera (SQM). Ces deux acteurs sont responsables de 17% et 22% de la production mondiale de lithium respectivement. Actuellement, suite aux pressions exercées au niveau du gouvernement, d’autres sociétés telles que Bearing, Lithium Power et Minera Salar Blanco ont également les autorisations d’exploitation du minerai. Selon l’agence DPA, la production de lithium au Chili doublera d’ici 2030, en atteignant ainsi un total de 180.000 tonnes annuelles, et continuera à être l’un des pays dominants dans le marché international de lithium.

Le Chili analyse actuellement la possibilité de gravir les échelons de la chaine d’exploitation du lithium, en passant de producteur et exportateur de lithium à producteur et exportateur des batteries liothium-ion (LIB) qui, selon certains, seraient le moteur de la transition écologique. Bien que les discussions sur le sujet soient toujours en cours, il est indéniable que le Chile reste un acteur phare dans la recherche de solutions au changement climatique. En effet, grâce à son contrôle des plus grandes réserves de cuivre et de lithium de la planète, le pays compte avec les ressources nécessaires à la construction des technologies du futur, des énergies renouvelables et de l’électromobilité.

Besoin de plus d’information ? Les données à jour du secteur minier chilien se trouvent par ici !



[1] Traduit de l’espagnol “Impacto Económico y Social de la Minería del Cobre en Chile”- janvier 2020

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