Shop must go on !

Depuis 2021, le Royaume-Uni est devenu un pays tiers (hors-UE) et les procédures à l’exportation sont devenues (un peu) plus complexes, particulièrement dans l’agroalimentaire. Les PME wallonnes doivent-elles pour autant se désintéresser du pays ? Au contraire, à seulement 2 heures de train de Belgique, le marché britannique, dynamique et avide de nouveautés, offre de nombreuses possibilités dans le secteur. Alors que le Food & Drink Show vient de s’ouvrir à Birmingham, nous en profitons pour faire le point sur les opportunités et les changements réglementaires à l’export avec les équipes de Wallonia Export (AWEX) présentes sur place.

1. Exportations alimentaires au UK, stop ou encore ?

 

Encore ! Bien entendu. Brexit or not, les consommateurs anglo-saxons restent friands des produits belges. Si la sortie du Royaume-Uni a rendu les procédures d’exportation un peu plus complexes qu’avec le marché européen, les échanges restent tout à fait à la portée des PME wallonnes. Moyennant un peu d’anticipation sur les nouvelles directives UK (on vous en parle plus bas), prospecter outre-manche, c’est s’intéresser à un marché dynamique, ouvert et plein d’opportunités.

Déjà habituées au marché britannique ou simplement en prospection, 6 sociétés wallonnes (Brasserie du Bocq, Maredsous, Neobulles, Galler, Bertinchamps & Millésime) ont effectué cette année un déplacement avec Wallonia Export au UK Food & Drink Show. Organisé à Birmingham, ce salon est destiné aux sociétés actives dans le secteur agroalimentaire et rassemble sous un même toit à la fois des acteurs de la grande distribution, des magasins de proximité, des services de restauration, des distributeurs et des grossistes (environ 400 exposants du monde entier).

Pour les entreprises wallonnes participantes, l’événement permet de mettre en avant leurs produits et de rencontrer des distributeurs et grossistes britanniques (ou actifs sur ce marché) dont quelques-uns des plus importants comme Aldi, Asda, Holland & Barrett… L’avantage, on est très rapidement sur du gros volume et l’on travaille avec des partenaires fiables et qui connaissent déjà bien l’Europe, le tout à seulement quelques heures de la Wallonie.

Sur le pavillon Wallonia (Walfood) du Food & Drink Show de Birmingham

2. Les tendances food outre-manche

 

Comme pour toutes les destinations du monde entier, l’agroalimentaire, ou plutôt devrions nous dire le food, c’est une affaire avant tout culturelle en constante évolution, entre modes et traditions. Bon, si le Royaume-Uni n’a pas la réputation d’être une destination gastronomique de premier plan, ses villes, réputées pour leur dynamisme et leur ouverture sur le monde, Londres en tête, n’en demeurent pas moins des spots parfaits pour (faire) découvrir les nouvelles tendances food. En deux mots : s’inspirer et innover. Mais quelles sont les principales attentes du marché britannique auxquelles peuvent répondre les entreprises wallonnes ? Voici les éléments de réponses apportés par Maxime Couvreur, Conseiller économique et commercial chez Wallonia Export basé à Birmingham.

Il y a à boire…

La Belgique, réputée pour ses entreprises actives dans le secteur des boissons, brasseries en tête pour ne pas les citer, est déjà bien représentée au Royaume-Uni. « A l’heure actuelle nos études montrent que nos entreprises ont intérêt à s’avancer sur le marché britannique avec leurs « boissons fonctionnelles » (non alcoolisées qui boostent l’immunité, réduction du stress …), avec des probiotiques, bonnes pour le transit ont la cote, nous explique au milieu des allées du Food & Drink Show Maxime Couvreur. A niveau des bières, incontournable dans le pays, en parallèle, le marché des boissons sans alcool devrait croître de 31 % d’ici 2024, là, en tant que wallon, nous avons des cartes à jouer ».

… Et à manger !

Comme nous l’avons déjà mentionné plus tôt, le monde est d’accord que nous ne sommes pas, au Royaume-Uni, dans un pays réputé pour sa gastronomie internationale. A contrario, dans les grands centre urbains une population active et à fort pouvoir d’achat est friande de nouvelles tendances et de nouvelles expériences food, tendances qui se retrouvent quelques années plus tard dans les habitudes de consommation du reste de l’Europe.

« Les principales tendances constatées outre-manche sont, notamment, le flexitarisme, soit le régime alimentaire où l’individu essaie de réduire sa consommation de viande et/ou de privilégier des aliments de qualité, il se soucie de plus en plus du bien-être animal et des enjeux environnementaux, précise Maxime Couvreur. L’attrait pour les aliments à base de plantes et de protéines végétales ont la cote, notamment avec le régime végan, de plus en plus populaire (51 % des Britanniques estiment que les ingrédients à base de plantes, comme les herbes et les épices, ont des vertus médicinales.), les aliments bons pour le transit et l’immunité, la nourriture sans gluten a le vent en poupe et, bien entendu, le chocolat ».

Maxime Couvreur, CEC AWEX Birmingham

 "Le mot d’ordre de ces deux dernières années est : l’innovation. C'est particulièrement vrai chez les anglo-saxons, constamment en recherche de nouveautés et d'expériences à découvrir".

3. Qu’est-ce que les exportateurs wallons doivent en retenir ?

 

Pour Maxime Couvreur, « les dernières études ont confirmé qu’acheter local et respecter l’environnement sont deux choses qui prennent de plus en plus d’importance pour les consommateurs britanniques. En 2021, 28 % des consommateurs acheté des produits et services locaux. 67 % d’entre eux ont essayé d’avoir un impact positif sur l’environnement et 78 % des professionnels estiment que le réchauffement climatique va entraîner des répercussions sur la demande des consommateurs, et va changer les habitudes, besoins et préférences de consommation. »

« Il y a une véritable tendance vers le premium dans tous l’agroalimentaire. La pandémie a accentué la tendance de l’alimentation saine et de qualité. Les consommateurs souhaitent se faire plaisir tout en prenant soin d’eux et en respectant de plus en plus l’environnement.»

Et de conclure que « le mot d’ordre de ces deux dernières années est : l’innovation. C'estparticulièrement chez les anglo-saxons, constamment en recherche de nouveautés et d'expériences à découvrir. »

Focus sur la bière et le chocolat


Et qu’en est-il de la bière et du chocolat, parmi les deux principaux ambassadeurs de Belgique ?

En ce qui concerne la bière, breuvage incontournable entre les deux pays,une enquête menée par SIBA (Society of Independent Brewers) en 2020 a révélé que la bière préférée des consommateurs interrogés était la lager (71 %), suivie par l’IPA (46 %), la pale ale (39 %), la bitter (39 %), et la stout (30 %). Ces dernières années, de nouveaux types de bière font leur apparition sur le marché britannique comme les bières halal et sans alcool (le Royaume-Uni est un pays qui possède une grande diversité culturelle et religieuse et de plus en plus de britanniques sont préoccupés par leur santé) , les bières light, les bières sans gluten, les bières véganes et végétariennes (sans agent de collage d’origine animale utilisé pour clarifier la bière, les bières artisanales (craft beers) et enfin les bières biologiques (le marché bio a le vent en poupe au Royaume-Uni (12,6 % de croissance en 2020) ainsi que tous les produits du secteur « BWS » (Beer, wine, spirits).

Le marché du chocolat au Royaume-Uni est l’un des plus importants d’Europe. Le chocolat Cadbury est le plus populaire, même s’il n’est pas de très haute qualité par rapport aux standards belges. Il ressort également de cela que le chocolat noir haut de gamme et le chocolat fin commencent à gagner en popularité. Il y a une demande grandissante pour le bio, le végan, le sans-sucre et le sans gluten pour le chocolat qui peut s’expliquer par le fait que les consommateurs se tournent vers une consommation plus saine. En outre, en raison de la mise en avant de l’alimentation saine, cela a mené les fabricants à se tourner avec une pulpe de cacao naturelle plutôt que des additifs synthétiques.

On observe également que les consommateurs font plus attention à la transparence de la marque quant aux ingrédients contenus dans le chocolat. En outre, ils s’intéressent de plus en plus aux aspects environnementaux et sociaux de la production de cacao (la déforestation, la perte de biodiversité…).

4. Quid des nouvelles législations made in Britain ?

 

En 2022, de nouvelles restrictions sont entrées en vigueur concernant les échanges entre l’Union européenne et le Royaume-Uni et impactent particulièrement le secteur agroalimentaire. Voici un résumé des nouveaux changements et de ceux à venir.

 

Pendant et après le BREXIT, Wallonia Export est à vos côtés

 

1. Modèles d’importation britanniques modifiés - (01/01/2022)

Les douanes britanniques utilisent désormais deux modèles pour contrôler les marchandises à la frontière : le « temporary storage » et (nouveauté) le « pre-lodgement », avec notification préalable des marchandises avant que les marchandises ne quittent l’UE.

2. Notification préalable pour les produits animaux et végétaux - (01/01/2022)

Les PME qui exportent des produits d’origine végétale ou animale doivent être pré-notifiés.

3. Les déclarations douanières reportées ne sont plus possibles - (01/01/2022)

Une déclaration d’importation britannique entièrement remplie est dorénavant obligatoire. 

4. Nouvelle taxe sur les emballages plastiques - (01/04/2022)

Cette taxe s’applique aux emballages plastiques manufacturés ou importés au Royaume-Uni et qui ne contiennent pas au moins 30 % de plastique recyclé.

5. Certificats d’exportation de l’AFSCA - (01/07/2022)

Les entreprises devront prendre en compte la certification et les contrôles physiques pour tous les sous-produits animaux, végétaux, à base de viande, poisson, laitiers et à haut risques. Vous trouverez plus d’informations sur le site de l’AFSCA ou sur le site du gouvernement britannique. Vous trouverez ici des informations sur les produits d’origine animale.

6. ‘Safety and security declarations’ - (01/07/2022)

Des ‘safety and security declarations’ (déclarations de sûreté et de sécurité) sont requises pour chaque produit que vous introduisez au Royaume-Uni. Sur cette base, les autorités douanières britanniques effectuent une analyse de risque des marchandises. Vous trouverez de plus amples informations sur le site web du gouvernement britannique

7. Etiquettes pour les denrées alimentaires préemballées - (01/10/2022)

Si vous vendez des denrées alimentaires préemballées au Royaume-Uni, il ne sera plus suffisant d’apposer sur vos produits des étiquettes portant uniquement une adresse dans l’UE à partir du 1er octobre 2022. Les étiquettes doivent porter le nom et l’adresse d’une entreprise britannique responsable : un importateur britannique ou une succursale britannique d’une entreprise belge. Vous trouverez de plus amples informations sur le site web du gouvernement britannique.

 

Pour aller plus loin :

Cette liste a été réalisée avec l’aide de Fevia (plus d’informations ici). En ce qui concerne les réglementations particulières à l’exportation de certains produits (nourriture et boisson) sur le territoire anglais et les documents à avoir, nous vous conseillons  de consulter le guide post-Brexit de l’AWEX (nouvelle mise-à-jour prochainement), le site de l’AFSCA, celui du gouvernement anglais pour connaître la législation en termes d’importation et d’exportation entre le Royaume-Uni et l’UE, pour l’importation d’alcool au Royaume-Uni. Le site fevia.be reprend également les aspects douaniers pour exporter au Royaume-Uni.

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