C’est dans le cadre artisanal du Château Val-Saint-Lambert à Seraing que s’est tenue la première édition de la « Journée de Contacts commerciaux Pays-Bas-Wallonie » (Dutch Walloon Trade Event) le 22 novembre dernier. A l’initiative de l’Ambassade des Pays-Bas en Belgique et de l’Agence wallonne à l’exportation et aux investissements étrangers (AWEX), un programme de présentation des opportunités des deux marchés, suivi par des sessions B2B entre entreprises wallonnes et néerlandaises a été organisé tout au long de la journée. 160 participants intéressés étaient présents, bien décidés à en savoir plus sur l’approche commerciale à adopter pour percer sur les marchés wallon et néerlandais. Pari relevé avec succès et curiosité partagée.

Cette première édition de la Journée de contacts Pays-Bas-Wallonie, qui trouve son origine dans la feuille de route accordée en juin 2022 par les Ministres-Président Di Rupo et Rutte, s’est concentrée plus particulièrement sur les secteurs suivants : la gestion de l’eau, l’agro-alimentaire, la logistique, les sciences du vivant /la santé et, de façon transversale, la durabilité. Les entreprises de part et d’autre provenaient majoritairement de ces secteurs, ainsi que de ceux de la construction, de la décoration et du jardinage. Étaient également présentes des sociétés de conseil financier, juridique et RH, ce afin d’aiguiller les entreprises exportatrices dans leurs démarches administratives des deux côtés. En plus des 100 sessions de matchmaking B2B enregistrées et des présentations sur les opportunités et les forces des deux marchés à l’honneur, un espace « Network Plaza » permettait également aux participants d’échanger avec les représentants d’organisations de promotion commerciale entre les Pays-Bas et la Wallonie telles que le réseau EEN (Entreprise Europe Network), l’Agence BOM (Brabant Development Agency) et le cluster Wagralim.

Cadre

La journée a débuté par une visite de l’atelier de production et du musée de la cristallerie du Val-Saint-Lambert. L’occasion pour les entrepreneurs des deux pays de découvrir les différentes étapes impliquées dans la production artisanale d’objets Val Saint Lambert et d’admirer la diversification récente de la ligne de production.

La session plénière lançant la Journée a permis à Hervé Jamar, Gouverneur de la Province de Liège, de revenir sur les liens commerciaux historiques très ancrés liant la région aux Pays-Bas, liens qui perdurent notamment au travers de l’Euregio Maas-Rijn. Les Pays-Bas sont aujourd’hui un partenaire commercial capital pour la Wallonie, qui le compte comme son 4ième marché à l’export pour une valeur de près de 5 million€ en 2021. Selon le Gouverneur, la longue amitié entre les deux pays repose sur leurs similitudes culturelles.

L’Ambassadeur du Royaume des Pays-Bas en Belgique, Pieter-Jan Kleiweg de Zwaan, a insisté lui aussi sur le grand potentiel de relations commerciales entre la Wallonie et son pays, mais il était plus prudent par rapport aux similitudes. Selon l’Ambassadeur, « même s’il y a de toute évidence un souhait de rapprochement des deux marchés, il est vrai aussi qu’il subsiste une certaine méconnaissance de l’autre partenaire, qui s’explique entre autre par la barrière linguistique et par les différences importantes entre nos systèmes juridique et administratif ». La journée de contacts a dès lors été présentée comme une série de « speed dating » organisés, à la rencontre de l’autre.

 

 

Gouverneur, CEC et Ambassadeur

Opportunités de marché et secteurs forts

Lors de sessions spécifiques se déroulant en parallèle, la Wallonie et les Pays-Bas ont ensuite eu l’occasion de présenter aux entreprises des deux pays les atouts de leur marchés respectifs. Laurence Martaux, Conseillère économique et commerciale (CEC)  à l’AWEX basée à La Haye, s’est concentrée sur les secteurs forts néerlandais que représentent l’Agro-alimentaire, la Construction et les MedTechs. Elle a présenté les Pays-Bas comme un acteur avancé en innovation, qui utilise un écosystème digital et numérique très développé et qui consacre d’importantes ressources à la transition verte. Des astuces ont été partagées pour se positionner avec succès à l’entrée du marché néerlandais, illustrées entre autre par le témoignage de l’entreprise montoise de maintenance prédictive I-Care, qui exporte déjà aux Pays-Bas.

De son côté, les consultants de  IDEA Consult ont présenté aux sociétés néerlandaises les opportunités commerciales en Wallonie, avec un focus particulier sur les forces wallonnes que sont la Logistique, les Sciences du vivant et la Santé, la Gestion de l’Eau, l’Agro-alimentaire et enfin la Hightech et la Cleantech.

En coopération avec UCLL (Université des Sciences Appliquées Leuven-Limbourg), un atelier interactif composé de plusieurs tables rondes a offert une vue sur l’entrée sur le marché wallon. Les sociétés néerlandaises ont été informées sur les étapes à suivre si elles souhaitent exporter, investir, trouver un partenaire ou ouvrir une entité en Wallonie.

Entreprises wallonnes

35 entreprises wallonnes avaient répondu à l’appel pour cette journée, représentatives principalement des secteurs de l’Agro-alimentaire, de la Construction/déco/jardinage, de la Gestion des eaux et des Services et Conseil.  Certaines n’ont pas encore établi de contact avec les Pays-Bas, d’autres y distribuent déjà leurs produits via des plateformes et cherchent d’autres canaux de distribution ou un partenaire sur place et enfin quelques-unes exportent déjà chez nos voisins et souhaitent y étendre davantage leurs activités.

C’est le cas des montois I-care, qui se présente comme le « médecin des machines industrielles ». Créée en 2004, cette société de maintenance prédictive et prescriptive développe des techniques pour éviter les ruptures de production et les arrêts inattendus de machines industrielles. Ses techniques de capteurs de vibration par exemple permettent d’accroître l’efficacité des machines. D’autres techniques rallongent la durée de vie de ces machines. Les industries dans lesquelles I-care est active sont le pharma, l’énergie, la sidérurgie, la pétrochimie et l’agro-alimentaire. En moins de 20 ans, la société a engagé 700 personnes travaillant en Belgique et dans le monde et a atteint un chiffre de 60 millions€, dont une croissance annuelle stable de 25% depuis 5 ans. Les marchés d’exportation d’I-care sont la France, l’Allemagne, l’Espagne, le UK, le Brésil, l’Australie… et les Pays-Bas justement. 3 sites sont déjà implantés chez nos voisins, dont un siège administratif et 2 service hubs, employant 50 personnes au total. Ces sites se sont ouverts via la signature de contrats globaux, notamment avec un géant mondial agro-alimentaire.

Kathy Theys, Business Development Manager I-care

« L’excellence dans nos produits est notre priorité. Sans excellence, il n’y a pas d’exportation. I-care a la volonté de continuer à se développer aux Pays-Bas comme leader du marché de maintenance prédictive et prescriptive. Pour y arriver, l’adage « Think global, act local » prend tout son sens sur le marché néerlandais. C’est en s’implantant localement qu’I-care a pu signer des contrats globaux avec des acteurs majeurs. Une autre stratégie  qui fonctionne est la "customer intimacy » c’est-à-dire l’établissement de très bons contacts locaux en confiance et en transparence".


Kathy Theys, Business Development Man...

Cette recherche d’excellence se traduit notamment par la durée de la formation technique de leurs ingénieurs. I-care a d’ailleurs développé son propre capteur de vibrations, "Wi-care as a Service", qu’elle compte vendre à ses clients sous la forme d’un abonnement mensuel.

 

Les biscuits « de grand-maman » artisanaux de la jeune Biscuiterie namuroise, basée à Bois-de-Villers depuis 2019, sont déjà distribués aux Pays-Bas, mais uniquement au travers de 2 plateformes digitales. Les clients finaux sont surtout des épiceries fines, des magasins à la ferme et des indépendants. Ethel Druart, Head of Sales & Marketing, nous partage le souhait de la société de s’étendre sur ce marché également via un distributeur ou via la vente en ligne. Une 3ième stratégie de positionnement pourrait être la distribution via des marques de distributeur, sans le label propre de la Biscuiterie. Une ligne de biscuits personnalisés pour des évènements, des sociétés ou des anniversaires est venue récemment compléter les produits de base de l’entreprise.

 

Ecopoon, autre PME wallonne très jeune (2021) et prometteuse, distribue depuis son siège de Battice ses petites cuillères à apéritif et ses touillettes de café mangeables vers le reste de la Belgique, la France et l’Allemagne. L’entreprise, qui compte aujourd’hui 6 personnes, a déjà entamé des démarches d’exportation de ses couverts écologiques vers les Pays-Bas. Maxime Vanderheyden, co-fondateur et Administrateur Délégue, nous raconte qu’Ecopoon souhaite passer par des distributeurs locaux sur le marché néerlandais pour atteindre ses clients finaux, notamment les glaciers, la grande distribution et les traiteurs. Une autre stratégie pourrait être de passer par un gros distributeur.

Maxime Vanderheyden, co-fondateur et Administrateur Délégué Ecopoon

« Nous allons nous rendre aux Pays-Bas une cuillère à la fois. Les Néerlandais sont dans la même démarche écologique et innovatrice que nous. Ils sont dans l’air du temps ».

Maxime Vanderheyden, co-fondateur et ...

Durabilité

En plus de l’enthousiasme et de la curiosité générales de part et d’autre , on retiendra de cette journée un élément présent à tous les niveaux entrepreneuriaux et commun aux deux marchés : la durabilité. Que ce soit dans le choix des matériaux, le type de produit, la démarche circulaire ou les valeurs prônées, la tendance confirme qu’on est bien dans une transition verte où la mentalité du développement durable a su s’imposer.

 

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