Nichée au cœur du Pays de Herve, la brasserie de l’abbaye du Val-Dieu a su transformer un héritage séculaire en une aventure internationale. D’abord petite brasserie régionale, elle exporte aujourd’hui dans 26 pays et a commencé à conquérir un marché aussi vaste que complexe et mouvant : les États-Unis. C’est en pleine mission économique belge en Californie que nous avons rencontré, à San Francisco, Lionel Delbart, Directeur commercial d’une maison qui allie tradition monastique et stratégie international de développement.

Wallonia Export & Investment Agency (AWEX) : Bonjour Lionel. Pourriez-vous tout d’abord nous présenter la marque Val-Dieu

Lionel Delbart (LD) : La bière Val-Dieu trouve ses racines dans l’abbaye cistercienne de Notre-Dame du Val-Dieu, fondée au XIIIᵉ siècle. Si la tradition brassicole y remonte loin, c’est à la fin des années 1990 que deux entrepreneurs, Alain Pinckaet et Benoit Humblet relancent véritablement la production.

Val-Dieu est l’unique bière d’abbaye Belge brassée à 100% dans un monastère ( comme les célèbres trappistes )

AWEX : Comment s’est développé la marque Val-Dieu hors des murs de l’abbaye et du pays de Herve ?

LD : Dans les années 2000, la distribution de notre bière prend une dimension nationale, avant de progressivement franchir les frontières. Depuis 2018, notre production a triplé et s’oriente naturellement vers l’export puisque nous disposons de quantités suffisantes pour nos ambitions. Aujourd’hui, Val-Dieu est présente dans 26 pays, dont les Pays-Bas, la France, les pays nordiques, l’Italie, le Japon et les États-Unis.

AWEX : Parlons justement des Etats-Unis, comment se passe votre développement outre-Atlantique, alors que les conditions de vente (augmentation des droits de douanes) se compliquent ?

LD : Les choses se compliquent, c’est sûr l’augmentation des droits de douanes aura un impact sur le prix de vente de nos bières sur le territoire américains mais

Nos bières sont à valeurs ajoutées. Elles s’adressent avant tout à un public de connaisseurs, en recherche d’expérience gustative différente ou en tous les cas friands de bières authentiques ‘made in Belgium’,  et prêts à payer un peu plus cher pour un produit de qualité. Budweiser peut dormir sur ses deux oreilles.

Les droits de douane constituent évidemment une difficulté supplémentaire, mais nous ne sommes pas seuls concernés. Tous les brasseurs qui exportent aux États-Unis doivent composer avec cette réalité.

AWEX : Vous vendez déjà aux USA ?

LD : Oui. Nous vendons déjà dans plusieurs états. Grâce à notre importateur, nous avons pu franchir la première étape et faire entrer Val-Dieu dans des bars et restaurants qui valorisent la bière artisanale, la gastronomie belge et française. C’est une clientèle exigeante mais prête à payer pour des produits de qualité. Nous sommes également présent dans des chaines de supermarchés premium.

En Californie, nous venons de franchir une étape décisive : depuis début 2025, nos bières sont distribuées de San Francisco à Los Angeles.

AWEX : Et qu’attendez-vous de votre participation à la Mission économique belge qui se tient pour le moment justement en Californie ?

LD : Cette mission économique est l’occasion idéale pour nous pour rencontrer de nouveaux partenaires et concrétiser de nouveaux accords. Nous allons signer à San Francisco et à Los Angeles avec des groupes de bars, des franchises et des distributeurs, ce qui représente à terme des volumes significatifs. Notre objectif après cette mission est clair : nous développer et élargir notre réseau de distribution dans tout le pays.

Le développement de notre distribution est la meilleur réponse aux risques que peuvent représenter une diminution potentiel de volumes liée a la hausse des prix.

AWEX : Avez-vous quelques conseils à partager sur vos aventures à l’exportation, notamment aux USA ?

LD : Exporter ne s’improvise pas. Il faut commencer par des marchés proches, géographiquement ou culturellement, afin de tester ses capacités logistiques et administratives. Ensuite, la clé réside dans le choix du bon importateur, surtout aux États-Unis, où la législation varie d’un État à l’autre. L’importateur y occupe une place centrale : il est responsable de l’homologation, du respect des normes et de la distribution. Sans lui, impossible d’exister. À cela s’ajoute une rigueur permanente : garder une qualité irréprochable, respecter son identité et mettre en avant cette image belge qui attire tant. Enfin, il faut être conscient des coûts cachés — transport, douanes, emballage — et se doter d’une équipe dédiée. Nous avons aujourd’hui un service export complet qui nous permet de suivre nos marchés et de saisir les opportunités avec réactivité.

AWEX : Que représente pour vous l’export et en particulier le marché américain ?

LD : L’export est notre moteur de croissance. En Belgique, la consommation d’alcool recule depuis plus de quinze ans. Pour une brasserie comme la nôtre, il est vital de se réinventer et de se tourner vers l’extérieur. L’export nous donne une respiration et une dynamique que nous n’aurions pas uniquement sur le marché intérieur. Les États-Unis, eux, représentent à la fois une promesse et un défi.

C’est un marché immense, mais complexe, car chaque État a ses règles et ses contraintes. Ici, sur la côte-ouest, notre importateur nous y a ouvert le marché, ce qui nous donne désormais un réel point d’ancrage. Grâce à lui, les freins logistiques et administratifs sont levés et nous pouvons sérieusement prospecter dans l’état le plus riche et le plus peuplé du pays qu’est la Californie.

Nous voyons dans l’exportation américaine non seulement un débouché commercial, mais aussi une vitrine. Être présent aux États-Unis, c’est asseoir notre légitimité à l’international, renforcer notre image de brasserie d’abbaye et continuer à cultiver cette aura belge qui fait rêver les amateurs du monde entier.

AWEX : Un petit mot sur votre collaboration avec l’AWEX ?

LD : Cette expansion a été grandement facilité grâce à l’accompagnement structuré et au soutien de l’AWEX, qui facilite la mise en relation avec des distributeurs, aide à franchir les barrières administratives et promeut l’image de du savoir-faire belge et wallon à l’étranger.

Retour en haut back to top