Le gratin de l’industrie vidéoludique a rendez-vous cette semaine à la Gamescom à Cologne. Parmi les éditeurs, producteurs et studios du monde entiers ayant fait le déplacement pour présenter les dernières tendances du gaming plusieurs sociétés wallonnes ont fait le déplacement. Pour quels objectifs et quelles attentes ? On en parle avec Guido Dutoict, chargé de communication au studio montois Balio Studio. Rencontre.

Parmi la vingtaine de participants belges réunis au pavillon ‘Belgian Games’, nous avons eu l’occasion de rencontrer, entre deux meetings, Balio Studio, société wallonne spécialisée dans le développement de jeux vidéo sur consoles. L’occasion d’évoquer avec Guido Dutoict, son chargé de communication, les enjeux d’un secteur en croissance constante qui, de par sa nature même, franchi les frontières avec plus d’agilité que Super Mario ou Lara Croft.

 

Wallonia Export : Bonjour Guido, merci de nous recevoir entre 2 rendez-vous ? Pourriez-vous peut-être d’abord nous présenter qui est Balio Studio?

Guido Dutoict : Balio studio, c’est une entreprise belge de développement et d’édition de jeux vidéo. Basée à Mons, notre société a été créée en 2009 par les frères Baglio, à l'initiative d’Adriano Baglio, un entrepreneur qui avait déjà à son actif la création de quelques jeux vidéo dont Blue Angelo sur GP 32, sorti en 2004. La fratrie a profité de l'arrivée de l'iPhone et de son nouveau modèle économique pour créer la société Vetasoft, dont fait aujourd’hui partie Balio Studio, pour développer leurs premiers jeux vidéo sur mobile (Monkey Land, Bubble Nervous). En 2010, nous remportons un marché avec Marsu Production pour le développement de deux jeux mobiles, ayant pour personnage principal, Gaston Lagaffe. Fort de cette expérience positive, nous nous voyons confier d'autres titres par l’éditeur. En parallèle, alors que  marché des applications mobiles connaît un essor fulgurant, notre société arrive à convaincre Ferrari pour le développement d'une application globale pour les clubs officiels de propriétaires de la marque italienne à travers le monde.

En quelques années, nous sommes passés de 6 employés (2019) à 23 aujourd’hui et nous avons décidé de nous consacrer exclusivement à la création de jeux vidéo sur consoles et en ligne sous la marque BALIO STUDIO.

AWEX : Vous êtes ici à Cologne à la Gamescom pour rencontrer du monde. Regarder à l’international est important pour votre développement ?

GD : Indispensable même. Nous nous situons dans un secteur très internationalisé et dont les produits sont, par définition, consommables partout dans le monde. Notre principal client actuel, Microids, est d’ailleurs une firme française, disposant d’un large réseau de distribution en Europe. En travaillant avec eux (Ford Boyard, Puy du Fou, Titeuf, Qui veut Gagner des Millions…), nous disposons donc d’un large public sur tout le continent.

AWEX : Dans le gaming on ne se limite donc pas à un marché local donc…

GD : Tout à fait. Ça n’a pas de sens dans notre secteur de se limiter à un pays. Ce n’est pas possible. Il y a parfois des affinités culturelles entre pays, c’est certains, mais un jeu a pour vocation d’être accessible au plus grand nombre. N’oublions pas que, même si une œuvre vidéoludique peut être assimilée à un produit culturel, elle doit être vendu et rapporter des bénéfices aux studios et aux distributeurs.

En Belgique, je ne dois pas vous faire un schéma, le marché est trop petit donc il faut absolument proposer des œuvres accessibles à un public international. A l’image de nos équipes internes (plusieurs nationalités issues de plusieurs continents), nous pensons ‘mondial’, il n’y a pas de frontière dans le gaming.

Dans notre profession, nous n’avons pas toujours tout en main. Les personnages, la musique ou juste les couleurs peuvent influencer l’adhésion ou non du public à un jeu. Et pour cela, les références et affinités culturelles de chaque pays dans le monde jouent beaucoup.

Guido Dutoict, chargé de communication chez Balio Studio

"Les salons, c’est l’occasion d’aller découvrir les nouvelles tendances et les autres acteurs de sa profession. Création, développement, gameplay, hardware… tous les métiers sont représentés et il est important pour nous de rester up to date et rencontrer nos pairs."

AWEX : Quels sont les plus importants marchés dans le gaming ?

GD : Si l’on pense d’abord aux géants nord-américains, en réalité, les marchés chinois et japonais sont incontestablement plus grands. Ce sont les plus importants gamers au monde. La culture du gaming y est beaucoup plus ancrée et, je dirai même, socialement mieux acceptée. C’est important de suivre ce qu’ils développent là-bas et identifier les attentes de leurs publics. Nous comptons bien aller rendre visite aux différentes sociétés nippones et chinoises durant la Gamescom. Ensemble, nous aimerions identifier des affinités communes et voir quels atomes crochus nous avons avec leurs studios (Bandai, Sega…).

AWEX : Justement, qu’attendez-vous de votre participation à la Gamescom ?

GD : C’est très simple : Nous nous sommes déplacés ici à Cologne. Pourquoi donc ? Parce que c’est l’occasion d’aller découvrir les nouvelles tendances et les autres acteurs de sa profession. Création, développement, gameplay, hardware… tous les métiers sont représentés et il est important pour nous de rester up to date et rencontrer nos pairs sur le salon. Nous avons des rendez-vous planifiés toutes les 2 heures pendant les quatre jours du salon donc on peut dire que l’on est bien occupés.

AWEX : Dans votre secteur, un rendez-vous réussi c’est quoi ?

GD : Commercialement parlant, lorsque des éditeurs viennent nous voir avec des projets et que l’on se rend compte que nous sommes sur la même longueur d’ondes au niveau créatif. On se dit que là, de beaux projets pourraient bien voir le jour. Ici dans le gaming, il n’y a pas de rendez-vous ‘miracles’, c’est-à-dire que l’on signe peu au moment même, mais c’est important de se faire connaître, de se rencontrer.

AWEX : Quels sont les atouts de la Belgique et de la Wallonie pour le développement du secteur du gaming ? La concurrence étrangère n’est-elle pas trop importante ?

GD : Le marché est vaste et toujours en pleine croissance donc au niveau de la concurrence ce n’est pas un problème. Dans le gaming, les gens sont très sympas et assez ouverts. Nous ne sommes pas sur des marchés saturés. Je dirai même au contraire qu’en Europe, et particulièrement en Belgique, nous manquons de studios !

AWEX : Pourquoi donc ?

GD : Nous avons pas mal de talents qui ont tendance à quitter notre région pour s’expatrier par manque de formations ou de studios. Nous avons beaucoup de chance ici car nous bénéficions d’une situation géographique centrale par rapports aux pôles d’activités économiques et de formations, qu’ils soient belges ou européens. Le terrain est donc propice au développement du secteur.

La présence d’acteurs de poids chez nos voisins français ou hollandais par exemple est donc un atout pour dynamiser notre secteur, mais il faut plus de soutien public pour disposer de davantage de champions nationaux comme Larian (Gand) et plusieurs autres pépites en devenir. Mais je pense que nous allons dans la bonne direction, notamment avec l’arrivée du tax shelter pour les jeux vidéo, la mise en place de nouvelles formations dans le supérieur (comme le nouveau cursus de la Haute Ecole Albert Jacquard de Namur, NDLR)… Progressivement, le nombre de studios belges va continuer de croître et la Belgique va pouvoir hisser le drapeau ‘Belgian Games’ au même niveau que celui de ses voisins.

AWEX : Et pour terminer, quel conseil donneriez-vous à un studio que se lancerait demain ?

GD : Faites comme nous et nos collègues : participez à des évènements internationaux, comme nous le faisons ici avec Wallonia Export. La Gamescom, par exemple, n’est qu’à une heure de route de la frontière belge et c’est un bon tremplin pour permettre à votre société de vous faire connaître et de gagner en crédibilité. C’est important pour votre business mais aussi pour montrer que vous êtes dans le ‘game’, sans jeux de mots, et faciliter vos recrutements et vos collaborations futures.

  

Gamescom 2022 : Massimo Baglio & Guido Dutoict au pavillion 'Belgian Games' - Stand du distributeur Microids

Rendez-vous international incontournable du gaming, la Gamescom se tient du 24 au 28 août à Cologne.

Habituées de cette grand-messe stratégique, les entreprises wallonnes du secteur du gaming font à nouveau le déplacement avec Wallonia Export & Investment Agency.

Il faut dire qu’avec ses 1250 exposants internationaux (dont Amazon, Kalypso, Samsung, Ubisoft, Microsoft-Xbox…), ses 218 000 mètres carrés d’exposition et ses 350 000 visiteurs attendus, la Gamescom a de quoi séduire les entreprises européennes du secteur et laisser place à la prospection et aux partenariats.

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