Après des années de conflits, l’économie irakienne a connu un nouveau souffle en 2016. Cette amélioration du climat économique a néanmoins été stoppée en 2017 et 2018, avec selon la Banque Mondiale, une baisse du PIB d’environ 3,1% sur fond de guerre civile. Toutefois, l’année 2019 a enregistré une nouvelle croissance (estimée à 4,8%) grâce à un secteur pétrolier en meilleure santé, celle-ci pourrait toutefois être assombrie par les tensions entre les Etats-Unis et l’Iran dont l’Iraq a été le théâtre.

Selon les estimations de la Banque Mondiale, l’industrie représente environ 43% du PIB et emploie environ 20% de la force de travail du pays. Le secteur industriel est dominé par l’industrie pétrolière qui représente environ 85% des revenus du gouvernement et 80% des recettes du commerce extérieur. L’Iraq dispose, en effet, des quatrièmes réserves de pétrole avérées au monde, autour de 150 milliards de barils.

Les services comptent, selon les estimations de la Banque Mondiale, pour 52,2% du PIB et emploient près de 61% de la force de travail. L’agriculture occupe quant à elle une importance relative, à peine 4,8% du PIB, toutefois, elle emploie près de 20% de la main d’œuvre également.

Après trente ans de guerre et d’embargo, les principales structures du pays ont été détruites, le pays étant actuellement en pleine phase de reconstruction. En effet, l’Iraq a des besoins immenses dans les secteurs de l’énergie, de l’électricité, de l’eau, des transports, des communications et de la santé. Les montants pour la reconstruction du pays sont estimés à plus de 600 milliards de dollars.

Le pays est également en proie à de graves problèmes de corruption bien que des réformes entrent progressivement en vigueur. Un accent particulier est mis sur la modernisation de la gestion financière de l’Etat avec le soutien de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international dont les axes d’effort sont notamment la restructuration des bilans des banques publiques, la mise en cohérence des comptes de l’Etat, la réforme des entreprises publiques et l’émergence d’un secteur privé.

Situation économique actuelle

L’économie irakienne s’est reprise petit à petit après la perte de vitesse enregistrée en 2017 et 2018. Pour la première moitié de 2019, le PIB a en effet augmenté selon les estimations de 4,8% par rapport à la même période de l’année précédente. Cette croissance peut être en grande partie attribuée à l’augmentation de la production pétrolière (+6,3%) mais aussi à la reprise des secteurs non-pétroliers (+5,6%). L’augmentation de la production pétrolière est une véritable success story pour l’Iraq car avant 2014, on doutait fortement que celle-ci puisse se maintenir au-delà des 3 millions de barils par jour, celle-ci ayant atteint aujourd’hui les 5 millions de barils/jour. D’ici 2024, il est attendu que la production pétrolière atteigne les 5,4 millions de barils/jours, non seulement car le gouvernement intensifie ses investissements dans des champs pétroliers existants et dans de nouvelles exploitations mais aussi car il est attendu qu’il y ait une augmentation des investissements étrangers dans le secteur. La bonne santé du secteur non-pétrolier peut, quant à elle, être attribuée à l’augmentation des chutes de pluie, une amélioration de la production d’électricité et à une politique fiscale expansionniste liée à l’augmentation des prix du pétrole en 2018 et qui a persisté jusqu’au début 2020. Répétant les modèles passés de dépenses "exceptionnelles", l'augmentation des recettes pétrolières a entraîné une hausse de la masse salariale et de la consommation publique.

Toutefois, en l’absence de réformes structurelles et d’une reconstruction accélérée, la croissance pourrait à terme diminuer. Les projections début 2020 faisaient état d’un taux de croissance de 5,1% en 2020 suivi par une croissance de seulement 2,7% en 2021. Ce résultat est en grande partie lié aux perspectives du marché pétrolier où les prix et les exportations devraient diminuer en raison d’une baisse de la demande mondiale et de l’incertitude concernant le renouvellement de l’accord OPEP +, imposant une réduction de la production de pétrole. De plus, la crise mondiale de Coronavirus a également eu un impact important sur les cours du pétrole. En effet, on enregistre actuellement une baisse importante de la demande à la suite de la mise en confinement et de la suspension des activités dans de nombreux pays. Ne facilitant pas la situation, l’Arabie Saoudite a dans le courant du mois de mars décidé de se lancer dans une guerre des prix avec la Russie en augmentant sa production pétrolière causant une chute historique des prix du pétrole, celui-ci étant passé sous la barre des 20$/baril, soit son taux le plus bas depuis 2002. Cette chute des cours pétroliers aura bien sûr de graves conséquences sur la croissance en Iraq dans le courant de l’année 2020.

Pour se maintenir, la croissance du secteur non-pétrolier aura également besoin d’une amélioration des conditions de sécurité et d’une hausse des investissements pour la reconstruction du pays. Toutefois, les tensions entre les Etats-Unis et l’Iran ont fait augmenter le risque que le pays sombre à nouveau dans des conflits armés. L’instabilité politique reste élevée et des manifestations à grande échelle pourraient éclater un peu partout dans le pays. De plus, bien que l’Etat islamique ne dispose plus de territoire, celui-ci reste une menace en tant que groupe insurgé, et on pourrait observer une augmentation des attaques menées par ce groupe au cours des prochaines années. Tous ces facteurs pourraient donc avoir un impact négatif direct sur la croissance des secteurs ne dépendant pas du pétrole.

Le taux d’inflation devrait également augmenter en 2020, les estimations de ce début d’année faisait état d’une augmentation de 1,6% suivant une baisse de 0,1% enregistrée en 2019. L’augmentation des prix des aliments devrait par ailleurs être compensée par une baisse des prix des logements et des télécommunications. Toutefois, en raison du confinement décidé à la suite de l’épidémie de coronavirus, de nombreux travailleurs journaliers, employés du secteur informel ou encore ouvriers du bâtiment ont été mis à l’arrêt. Seuls les fonctionnaires et quelques autres employés faisant figure d’exception touchent aujourd’hui un salaire, aggravant gravement la précarité des Irakiens

L’augmentation des dépenses combinées à une baisse des prix du pétrole devraient quant à elles engendrer un déficit fiscal. La chute des prix du pétrole et l’augmentation des importations devraient maintenir la balance courante en déficit.

Pour faire face à l’épidémie de coronavirus, le gouvernement irakien a pris différentes mesures impactant également le commerce de marchandises à l’international. Ainsi, un confinement intégral initialement prévu jusqu’au 11 avril 2020 pour tout le pays et actuellement prolongé jusqu’au 16 avril a été mis en place. Des règles drastiques de confinement – interdisant notamment les mouvements dans et hors des villes sont en vigueur. La plupart des bureaux gouvernementaux ou des bureaux de douanes ne fonctionnent pas actuellement.  Le point de passage Ibrahim Khalil (IBK) à la frontière turco-irakienne a été fermé. Depuis quelques jours, l'entrée des marchandises de première nécessité (produits de santé, denrées alimentaires) est autorisée à un niveau limité. Les autorités douanières s’occupent de classer les marchandises par catégorie. Outre les produits médicaux et les denrées alimentaires, d'autres marchandises, telles que les pièces détachées pour les projets d'infrastructure, peuvent également entrer. Les conducteurs turcs ne sont toujours pas autorisés à entrer sur le territoire irakien. Par conséquent, un transbordement ou un changement de conducteur doit avoir lieu dans le "no man's land". Le retard actuel du côté turc est d'environ 8 à 10 jours, et de 2 à 3 jours en amont.

Les aéroports irakiens sont désormais partiellement ouverts. L'aéroport international de Bagdad reçoit du fret. Les services des douanes ne fonctionnent quant à eux que pour les expéditions d'urgence. Les cargaisons pour le Ministère de la Santé et le Ministère de l'Agriculture peuvent être dédouanées sur lettre d'engagement. L'aéroport international d'Erbil reçoit également des vols de fret, en particulier pour les cargaisons d'aide, les douanes ne travaillant qu'à temps partiel.

Les ports d'Umm Qassr (UMQ) et de Khor Al-Zubair (KAZ) permettent toujours aux navires d'entrer et de décharger leurs marchandises. La plupart des terminaux privés fonctionnent. Les représentants gouvernementaux, les agents maritimes, l'ISCWT et les douanes ne travaillent que pendant des périodes de temps limitées.

Retour en haut back to top