Conjoncture économique
 

Trinité-et-Tobago, pays à revenu élevé est l'une des économies les plus riches des Caraïbes. Il bénéficie d'une base industrielle solide (bien qu'étroite), avec un fort accent sur la production de pétrole, de gaz et de produits chimiques. La politique économique sera sous-tendue par les préoccupations relatives à l'assainissement budgétaire et à la viabilité de la dette. Une augmentation des revenus provenant des prix élevés de l'énergie sera utile à cet égard. Le gouvernement devrait utiliser une partie de ses recettes énergétiques exceptionnelles en 2023 pour recapitaliser le Fonds du patrimoine et de stabilisation (fonds souverain du pays) et pour progresser dans l'assainissement des finances publiques.
À moyen terme, le gouvernement devrait poursuivre des stratégies de diversification qui encourageront l'innovation, stimuleront la création d'emplois et dynamiseront les activités au-delà du secteur de l'énergie, comme l'industrie manufacturière. Cependant, l'un des plus grands défis de la diversification sera d'attirer un intérêt suffisant du secteur privé pour le secteur non énergétique, étant donné ses opportunités de marché limitées par rapport au secteur énergétique. En supposant que les prix mondiaux élevés du pétrole donnent une impulsion substantielle aux recettes et que le gouvernement respecte ses plans d'assainissement budgétaire, le déficit rester étroit, se creusant d'une estimation de 0,2 % du PIB pour l'exercice 2021/22 (octobre-septembre) à 1,1 % du PIB en 2022/23, contribuant à maintenir la dette publique sur une trajectoire descendante.
Un des objectifs à court et moyen terme du gouvernement est de stimuler la production de pétrole et de gaz. Il devrait y parvenir, en particulier pour le secteur du gaz naturel. En effet, la hausse de la production de pétrole et de gaz et les prix élevés soutiendront l'assainissement budgétaire. Cependant, les prix de transfert et d'autres accords de commercialisation avec les entreprises énergétiques du secteur privé ont réduit les recettes du gouvernement provenant du GNL au cours des deux dernières années.
La dépendance structurelle de l'économie vis-à-vis du pétrole, du gaz naturel et des produits pétrochimiques la rend vulnérable à la diminution des réserves de pétrole ; les réserves de gaz naturel quant à elles restent stables. La politique budgétaire sera encadrée par de potentielles nouvelles découvertes importantes de gaz naturel. Cependant, les coûts d'exploration élevés et en hausse, ainsi que les risques associés à l'exploration en eaux profondes, devraient limiter les investissements.
À moyen terme aussi, le gouvernement devrait poursuivre ses efforts pour diversifier l'économie par des réformes structurelles afin de réduire la dépendance au secteur de l'énergie. Cependant, attirer les investissements du secteur privé nécessaires pour stimuler la croissance sera un défi permanent. Par exemple, l'intérêt limité du secteur privé ralentira les efforts visant à utiliser les partenariats public-privé pour améliorer la technologie agricole et ainsi augmenter la productivité des cultures. Le renforcement du soutien au secteur manufacturier non énergétique par le biais de subventions à l'exportation, ainsi que l'amélioration de la formation professionnelle, seront également des ambitions à moyen terme, plutôt que des objectifs à court terme. Au cours de la période de prévision, le gouvernement cherchera à stimuler la croissance de l'emploi par des programmes qui soutiennent l'innovation et l'esprit d'entreprise, et tentera de soutenir la demande globale par des programmes de protection sociale et des incitations aux entreprises. Toutefois, ces efforts seront d'une ampleur limitée et n'auront pas un impact sur la croissance.
Dans un contexte de forte demande énergétique mondiale et de prix élevés du pétrole, du gaz et des engrais, l’économie devrait connaître une deuxième année consécutive de croissance en 2023 (estimée à 3,3 %). Par la suite, la croissance économique devrait se modérer avec la baisse des prix mondiaux de l'énergie. Les restrictions budgétaires pèseront également sur la consommation publique et la consommation privée.
Le commerce extérieur se renforcera à court terme, suite à l'annonce de réductions des quotas de production des membres de l'OPEP+, ce qui maintiendra les prix mondiaux du pétrole à un niveau élevé. La forte demande extérieure et les prix élevés du pétrole et du gaz inciteront à investir davantage, ce qui augmentera encore la production. En outre, les programmes de privatisation déjà en cours - par exemple concernant les opérations portuaires dans la capitale Port of Spain - devraient soutenir les investissements, avec des effets d'entraînement sur les flux commerciaux à moyen terme.
Du côté de l'offre, la production de GNL et de produits pétrochimiques devrait s’accélerer, en partie parce que de nouveaux gisements de pétrole et de gaz seront mis en service en 2023, et en partie parce que les goulets d'étranglement de l'approvisionnement en gaz se résorberont. Plus de la moitié des exportations de gaz de Trinidad sont destinées aux marchés d'Amérique latine, où les prix de livraison sont supérieurs à la référence américaine Henry Hub. Ces pays resteront des marchés importants, mais leur importance diminuera progressivement au fur et à mesure qu'ils augmenteront leurs propres approvisionnements en gaz local. Le gaz naturel fourni au niveau national est, depuis quelques années, inférieur au volume nécessaire pour utiliser pleinement les usines de GNL et les usines pétrochimiques de Trinidad. Cette situation a conduit à certaines fermetures d'usines importantes, mais une expansion des réserves soutiendra la croissance de la production de gaz et relèvera progressivement les industries en aval.
Les performances des autres secteurs de l'économie seront mitigées. Les activités d'exportation de produits manufacturés resteront limitées par la faiblesse de la demande des Caraïbes anglophones (le plus grand marché d'exportation du secteur), reflétant une croissance plus faible dans le contexte d'un fort ralentissement de l'économie mondiale. La reprise en cours de la demande des ménages continuera de soutenir la construction, l'industrie manufacturière et certains secteurs de services, au profit des prêts aux entreprises.

Source : Trinidad &Tobago One-click Report 4th quarter 2022 – www.eiu.com

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