Secteurs porteurs

Secteur automobile

En 2024, l’Espagne s’est affirmée comme un acteur majeur de l’industrie automobile européenne, occupant la deuxième place en tant que constructeur et la quatrième en tant que marché. Cette dynamique s’est traduite par une croissance du PIB réel de 3,2 %, accompagnée d’un rebond des ventes de voitures neuves qui ont franchi le seuil du million d’unités pour la première fois depuis la pandémie, bien que restant en deçà des niveaux de 2018-2019. Les véhicules utilitaires ont également connu une forte progression, avec une hausse de 13,4 %, portée par les ventes de fourgonnettes.

Cette tendance positive devrait se poursuivre en 2025, soutenue par une amélioration du marché du travail, une consommation accrue, un tourisme florissant et des incitations gouvernementales en faveur des véhicules électriques. Malgré ces avancées, la production de véhicules a reculé de 3 % en 2024, principalement en raison d’une baisse des exportations vers l’Europe. Les ventes de véhicules électriques, bien qu’en croissance de 6 %, ont affiché une performance plus modeste que les autres segments, freinées par des préoccupations liées au coût et à l’infrastructure de recharge. Toutefois, sur la période 2025-2029, les véhicules électriques devraient enregistrer une croissance annuelle moyenne de 15 %, dépassant les autres catégories. En 2025, les ventes de voitures neuves devraient encore progresser de 6 %, avant de ralentir à une moyenne de 2 % par an, tout en restant au-dessus du seuil du million d’unités.

Pour soutenir cette transition, le gouvernement espagnol a prolongé le programme MOVES III jusqu’à fin 2025, avec une enveloppe supplémentaire de 400 millions d’euros, et introduit une nouvelle taxe sur les véhicules thermiques.

Notons pour conclure que, malgré un ralentissement prévu de la croissance économique, l’Espagne devrait continuer à surperformer dans la région grâce à des coûts de main-d’œuvre compétitifs, des investissements européens et un secteur touristique dynamique. 

 

Biens de consommation

L’Espagne est le 4ème plus grand marché de consommation de l’UE, après l’Allemagne, la France et l’Italie. La consommation privée représente environ 60 % de l’activité économique et constitue un moteur essentiel de croissance. En 2025, bien que la croissance économique ralentisse, les ventes au détail devraient progresser régulièrement grâce à une inflation modérée, des conditions financières stables, une amélioration de l’emploi, une hausse des salaires réels et un secteur touristique dynamique.

La croissance réelle de la consommation privée devrait rester inférieure aux niveaux de 2024 durant toute la période de prévision (2025-2029), freinée notamment par le vieillissement de la population. Malgré cela, les ventes au détail en volume devraient croître en moyenne de 1,7 % par an. Le gouvernement espagnol exprime sa volonté de continue de lutter contre la crise du coût de la vie.

Ceci étant dit, après avoir réduit la TVA sur le gaz naturel à 5 % en 2023, le gouvernement a remonté ce taux à 10 % en janvier 2024 et devrait revenir à 21 % dans le courant de 2025. De plus, les réductions de TVA sur les produits de base comme les fruits, légumes, pâtes et huiles ont été supprimées à partir de janvier 2025, ce qui entraînera une hausse des prix alimentaires et incitera les consommateurs à rechercher des offres et des produits à bon rapport qualité-prix.

Le tourisme, qui représente près de 12 % du PIB et 9 % de l’emploi, reste un pilier de l’économie. En 2024, l’Espagne a accueilli un record de 94 millions de touristes, devenant la deuxième destination mondiale après la France.  Les arrivées touristiques devraient dépasser les 100 millions en 2025, ce qui profitera aux secteurs de l’hôtellerie et des services, sans pour autant générer une forte croissance des ventes au détail.

Par ailleurs, la population espagnole vieillit et devrait diminuer de 0,1 % par an entre 2025 et 2029. Cette tendance démographique pèsera sur la reprise économique et les perspectives du secteur de la consommation. La population active devrait reculer de 0,6 % entre 2024 et 2030, puis de 1,3 % entre 2031 et 2050. Pour compenser cette baisse, l’Espagne compte sur l’arrivée de travailleurs étrangers, qui pourraient atténuer les effets du faible taux de natalité et du recul de la participation au marché du travail. Cette immigration est essentielle pour soutenir la base fiscale et financer les pensions, les soins de santé et les autres prestations sociales. 

 

Energie

La consommation d’énergie en Espagne devrait légèrement diminuer en 2025, principalement en raison d’une forte baisse de la demande de charbon, alors que le pays poursuit la fermeture progressive de ses centrales à charbon. Sur les 10 prochaines années, la consommation intérieure d’énergie devrait rester globalement stable, les gains en efficacité énergétique compensant les effets de la croissance économique. La demande de combustibles fossiles ne devrait pas retrouver ses niveaux d’avant la pandémie. La consommation de pétrole devrait reculer légèrement, l’électrification et l’efficacité énergétique neutralisant les effets de l’expansion économique. La demande de gaz, déjà en baisse depuis 2022 en raison de prix élevés et d’une baisse de la production d’électricité à partir de gaz, devrait continuer son déclin. Le charbon sera progressivement éliminé du mix énergétique, avec un objectif de sortie totale dans la production d’électricité d’ici 2025.

Le nucléaire est également en voie de disparition, avec la fermeture prévue de quatre des sept réacteurs d’ici 2035, bien que cette décision fasse l’objet de débats.

La politique énergétique espagnole se concentre désormais sur le développement massif des énergies renouvelables, notamment le solaire et l’éolien. Le Plan national énergie-climat (PNIEC), mis à jour en 2024, prévoit l’ajout de 31 GW de capacité éolienne d’ici 2030, dont 3 GW en mer, bien que cet objectif semble ambitieux. Pour le solaire, l’objectif est de 76 GW d’ici 2030, mais les prévisions tablent plutôt sur 53 à 54 GW d’ici 2034.

L’Espagne a adopté une loi sur le changement climatique visant la neutralité carbone d’ici 2050. Toutefois, le pays reste fortement dépendant des importations de combustibles fossiles, n’ayant presque pas de ressources domestiques. Le pays importe la quasi-totalité de son gaz naturel, de son pétrole et de son charbon. 

 

Services financiers

Après deux années de bénéfices records en 2021 et 2022, les banques espagnoles ont été confrontées à une baisse de la demande de crédit en 2023. Malgré cela, leur bénéfice net consolidé a augmenté de 27,7 %, principalement grâce à une forte hausse des revenus nets d’intérêts, qui ont atteint 96 milliards d’euros. Cette dynamique s’est poursuivie au premier trimestre 2024, avec une croissance supplémentaire de 18 %. Ce redressement intervient après une période difficile liée à la pandémie de covid-19 et à la récession qui s’en est suivie.

Contrairement à la crise de la zone euro il y a dix ans, les banques espagnoles ont montré une grande résilience, bénéficiant d’une meilleure consolidation, capitalisation et régulation.

Toutefois, le secteur bancaire évolue dans un climat politique instable. Le Premier ministre Pedro Sánchez, bien qu’ayant formé un gouvernement après les élections de juillet 2023, dirige une coalition fragile aux intérêts divergents. Cette instabilité affecte notamment la fiscalité bancaire, avec le maintien probable de la taxe exceptionnelle instaurée en 2022, qui pourrait passer de 4,8 % à un taux progressif allant jusqu’à 7 %, selon le projet de réforme fiscale présenté fin 2024.

Par ailleurs, l’économie espagnole devrait afficher l’un des meilleurs taux de croissances de la zone euro en 2025, portée par une inflation en baisse, des conditions financières plus souples, une stabilité de l’emploi et un secteur touristique dynamique. Entre 2026 et 2029, le PIB réel devrait croître en moyenne de 1,7 % par an, soutenu par la consommation privée. Le secteur des services financiers reste modeste dans l’économie espagnole, représentant 5 % du PIB et employant seulement 1,6 % de la population active, en dessous de la moyenne européenne.

Par ailleurs, en tant que membre de l’UE et de la zone euro, l’Espagne bénéficie du marché unique et de l’union bancaire, avec une politique monétaire fixée par la BCE. Le pays reçoit également 140 milliards d’euros du plan de relance européen pour 2021-2026, destinés à favoriser l’emploi et la transition verte et numérique. L’UE souhaite que ces fonds soutiennent des réformes structurelles, notamment dans les domaines des retraites et du marché du travail. Enfin, après avoir relevé ses taux de 450 points de base entre 2022 et 2023, la BCE a entamé un cycle d’assouplissement, abaissant son taux directeur à 2,5 % en mars 2025. Bien que l’inflation se rapproche de l’objectif de 2 %, la croissance ralentit, soulevant des inquiétudes sur une possible stagflation. Ce contexte pourrait limiter la demande de services financiers, malgré la vigueur relative de l’économie espagnole. 

 

Soins de santé

En 2024, les dépenses de santé en Espagne ont représenté environ 9 % du PIB, un niveau similaire à celui d’avant la pandémie de covid-19. Après un pic à 10,7 % en 2020, les dépenses ont progressivement diminué, bien qu’elles restent supérieures aux niveaux historiques. En 2025, elles devraient remonter à 9,3 % du PIB, avec une tendance haussière jusqu’en 2029, où elles atteindraient 9,9 %.

En valeur nominale, les dépenses de santé devraient croître à un rythme annuel moyen de 5,5 % en euros (4,3 % en dollars) entre 2025 et 2029, portées par le vieillissement de la population, la prévention et la numérisation des soins.

Les dépenses publiques, notamment via le système national de santé (SNS), progresseront légèrement plus vite, à 5,6 % par an, représentant près des trois quarts du total. Les dépenses privées, incluant assurances volontaires et paiements directs, croîtront à 5,2 %, stimulées par l’allongement des listes d’attente dans le secteur public.

Le secteur pharmaceutique, important pour l’économie, a bénéficié du rattrapage post-covid, mais sa croissance sera plus modérée, à 3,7 % par an en euros.

Enfin, l’incertitude politique persiste depuis la formation du premier gouvernement de coalition en 2020, aggravée par le parlement sans majorité issu des élections de 2023. Bien que le gouvernement actuel devrait rester en place jusqu’en 2027, des blocages politiques ne sont pas à exclure. 

 

Télécommunications

Le marché espagnol des télécommunications a été récemment marqué par la concurrence, la convergence technologique et la consolidation.

Le programme Digital Spain 2025 définit une cinquantaine de mesures autour de dix priorités stratégiques, dont la couverture nationale en haut débit à 100 Mbps d’ici 2025, l’accélération du déploiement de la 5G, le renforcement des compétences numériques et de la cybersécurité.

Une première phase d’investissement public de 20 milliards d’euros, majoritairement financée par l’Union européenne, sera complétée par 50 milliards d’euros d’investissements privés.

Selon les prévisions, les abonnements mobiles devraient croître de 1,9 % par an entre 2025 et 2029, tandis que les abonnements fixes devraient diminuer de 1,2 % par an.

Plusieurs enchères de fréquences 5G ont eu lieu entre 2021 et 2022, générant plus d’un milliard d’euros pour l’État. Ces licences ont été acquises par Telefónica, Vodafone et Orange, avec des investissements supplémentaires dans les bandes 3,5 GHz et 26 GHz. Le développement de la 5G devrait stimuler une croissance modérée des abonnements mobiles au cours de la période de prévision. En mars 2024, Orange et Másmóvil ont fusionné pour créer MasOrange, une coentreprise à parts égales qui devient le premier opérateur mobile et le leader du haut débit en Espagne, dépassant Telefónica. Cette fusion a été approuvée par la Commission européenne en février 2024 après une enquête approfondie.

Le marché espagnol des télécommunications entre ainsi dans une nouvelle phase, caractérisée par une concentration accrue, des investissements massifs et une transition technologique rapide, avec pour objectif de renforcer la compétitivité numérique du pays à l’échelle européenne.

 

 

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