Contexte général

L’économie iranienne est dominée par le secteur des hydrocarbures. L’Iran est en effet le deuxième producteur de pétrole de l’OPEP, détenant 10% des réserves mondiales de pétrole ainsi que les deuxièmes réserves mondiales de gaz naturel. Toutefois, en raison des différentes sanctions qui ont été menées contre le pays et d’un sous-investissement dans certains champs, la production pétrolière a baissé ces dernières années. Le pays possède également de nombreuses réserves de minerais: le zinc (première réserve mondiale), le cuivre, le fer et le plomb.

En dehors du secteur des hydrocarbures, les principales activités du pays sont la métallurgie, le raffinage du sucre, l’agroalimentaire, les produits pétrochimiques, le ciment et la construction. Il faut également noter que l’artisanat tient toujours une place importante dans l’économie du pays avec notamment le tissage de tapis, la fabrication de céramique, de soie et de bijoux. La production automobile s’est également développée à partir des années 1960. L’Iran possède ainsi des constructeurs nationaux comme Iran Khodro et Saipa, qui se sont associés à divers groupes étrangers. Toutefois le secteur de l’automobile a particulièrement été touché par les sanctions américaines et de nombreux constructeurs étrangers ont décidé de quitter le pays.

En 2020, l’Iran possède un PIB/habitant s’élevant à 18 780$ à parité de pouvoir d’achat. Le taux de chômage a atteint quant à lui 13,20%. L’agriculture, la pêche et la foresterie représentent seulement 7,12% du PIB tandis que le secteur industriel et le secteur des services atteignent respectivement 41,54% et 51,33%.

Conjoncture économique

Alors que l’activité économique iranienne avait fortement accéléré en 2016, le pays est tombé peu à peu dans une nouvelle période de récession à la suite des sanctions américaines. Le taux de croissance du PIB, qui atteignait les 13,4% en 2016, a atteint seulement 1,95% en 2018. Selon la Banque mondiale, la récession en Iran s'est accélérée en 2019 avec le durcissement progressif des sanctions américaines. Le PIB iranien s'est ainsi contracté de 7,6 % au cours des 9 premiers mois de 2019, en grande partie en raison d'une baisse de 37 % du PIB du secteur pétrolier. La croissance du PIB du secteur non pétrolier entre avril et décembre 2019 a été proche de zéro, ce qui représente une amélioration marginale par rapport à la contraction de 2,1 % du secteur en 2018. Au cours de la même période, les industries non pétrolières ont connu une croissance de 2% grâce aux secteurs de la construction et des services publics. La récente épidémie de COVID-19 a également considérablement perturbé le commerce, le tourisme et les activités de détail pendant la période la plus chargée pour ces secteurs.

Le gouvernement iranien a présenté un plan “Distanciation sociale intelligente” dont l'objectif est un retour graduel à la normale. À la mi-avril, les autorités ont ainsi commencé à assouplir progressivement les mesures de confinement imposées afin de contenir la propagation du coronavirus. L'assouplissement progressif a commencé avec les entreprises considérées comme "à faible risque", mais a depuis été étendu à celles classées comme "à risque moyen" - y compris les bazars et les centres commerciaux, ainsi que les voyages interurbains. La volonté des autorités était de limiter les dommages causés à une économie déjà ébranlée par l'impact des sanctions américaines. Il faut toutefois noter que le secteur de la santé a été très actif pendant la crise. L’Iran est un pays producteur d’équipements de protection personnelle mais aussi de tests Covid-19. Des sociétés comme Pishtaz Teb ont même exporté leurs tests dans les pays voisins et même en Europe.

Malheureusement, une recrudescence des cas de COVID-19 a été enregistrée. Si l'augmentation se poursuit et que le gouvernement est obligé de rétablir un confinement généralisé, cela représenterait un coup dévastateur pour l'économie. Le gouvernement cherchera à atténuer l'impact des sanctions et de la pandémie en encourageant l'autosuffisance économique, bien que cela ait pour l’instant donné des résultats très limités. La priorité devrait cependant continuer d'être accordée aux secteurs du pétrole et du gaz. Les autorités poursuivront leurs tentatives de contourner les sanctions en concluant des accords de troc avec la Chine. Toutefois, le ralentissement brutal de la croissance chinoise, estimée à seulement 1 % en 2020, exercera une forte pression à la baisse sur le volume et le prix des exportations de pétrole de l'Iran à court terme, avant qu'une reprise ne s'amorce, prévue pour 2021. En mars, le gouvernement a demandé au FMI un financement d'urgence de 5 milliards de dollars (pour la première fois depuis 1962) pour aider à lutter contre le coronavirus. Cependant, les États-Unis, le plus grand actionnaire du Fonds, y ont apposé leur véto. L’Iran continue donc à puiser dans son stock de devises en déclin. Le gouvernement a ainsi débloqué un budget (environ 6 milliards de dollars) pour faire face à la crise du Covid-19. Ce budget sera notamment utilisé afin de venir en aide à 3 millions d’Iraniens qui vivent dans la précarité, pour subsidier les 10 emplois les plus touchés par la crise et acheter du matériel médical.

Face à une pandémie croissante, à la faiblesse des prix du pétrole et au durcissement des sanctions, la croissance du PIB de l'Iran devrait rester très modérée ces prochaines années. Les perspectives de base sont principalement envisagées à la lumière de l'épidémie de COVID-19 qui a provoqué une contraction du PIB pétrolier et non pétrolier en 2020. En 2021 et 2022, la production de pétrole devrait reprendre parallèlement à la croissance de la consommation intérieure. Le déficit budgétaire devrait se creuser, car les recettes sont inférieures aux objectifs et la COVID-19 entraine une augmentation des dépenses. L’augmentation attendue du déficit budgétaire, notamment à la lumière de la COVID-19 et d'autres chocs exogènes, devrait entraîner de nouvelles émissions de dette et une baisse des réserves stratégiques.

En juin 2018, dans un effort pour soutenir le rial, les autorités iraniennes ont interdit l’importation de certains produits. Cette interdiction concerne des produits relatifs à près de 2000 codes HS. Il s’agit essentiellement de produits finis et de produits de luxe. Les importations de voitures, de meubles, de produits alimentaires finis et de vêtements sont les plus concernées. Cette liste est régulièrement mise à jour et est, d’après les autorités, temporaire. Il est cependant raisonnable de penser que les importations de ces produits ne seront pas facilitées avant longtemps.

Il faut toutefois souligner que la situation économique délicate dans laquelle se trouve le pays actuellement n’est pas uniquement une conséquence de la réimposition des sanctions américaines ou encore de l’épidémie de COVID-19 (qui est arrivée dans un contexte déjà difficile). Elle est également la conséquence de la politique monétaire qui a été menée, du manque de liquidité des banques iraniennes, des difficultés de gestion des entreprises publiques et parapubliques ainsi que de la vétusté de l’industrie locale. Il faut noter que le futur économique du pays dépendra également du résultat des élections américaines surtout pour l’horizon 2022 qui pourrait signifier un éventuel allègement des sanctions.

Exporter vers l'Iran

Dans ce contexte économique défavorable, se pose alors la question de savoir si le marché iranien vaut la peine de s’accrocher? Afin de vous aider dans votre réflexion, voici quelques questions qu’il faut se poser:

Qu’est-ce que votre entreprise risque?

Si l’opération respecte le droit européen, vous risquez des amendes aux USA, la perte de clients et de fournisseurs et éventuellement la fermeture du marché US pour vos produits. La clôture de votre compte en banque ayant servi à une transaction liée à l’Iran est également une possibilité, même si le paiement a été effectué depuis un pays tiers. Encore faut-il qu’il y ait livraison ou paiement et que la faute soit identifiée et reconnue par l’administration américaine. A court terme, ce sont surtout de l’énergie et du temps qui sont investis. L’effort commercial doit être dosé dans ce climat d’incertitude. Il est donc préférable, par exemple, de privilégier une visite de vos partenaires iraniens en Belgique afin de mesurer leur sérieux et d’éviter un éventuel déplacement inutile. Il est également important de demander dès le début de la relation si le partenaire iranien a des facilités de paiement en dehors de l’Iran.

Le marché iranien rentre-t-il dans votre stratégie de développement à moyen-long terme?

Ceux qui se sont montrés patients par le passé occupent une position privilégiée sur le marché. L’Iran a une population de 82 millions d’habitants et une économie industrialisée. Dans la région, le pays ne peut être comparé qu’avec la Turquie. Le retour sur investissement peut donc être conséquent si l’investissement de départ n’est pas trop important.

Il y a donc 3 paramètres importants à prendre en compte pour votre investissement dans le développement du marché iranien:

a) Le risque.

b) Le profit. Il correspond à l’attrait du marché. Suite à la chute du rial, il dépend aussi souvent de la troisième variable…

c) Le temps. Cette variable détermine les deux autres si on considère que la levée des sanctions rendra tout son attrait au marché iranien. En attendant ce scénario optimal, la création d’INSTEX devrait également redynamiser les échanges. L’une des principales difficultés de la mise en place d’INSTEX est que la balance commerciale est fortement positive pour les européens. Il y a donc un manque d’exportations iraniennes vers l’Europe pour permettre un règlement des importations iraniennes. Cette situation est évidemment exacerbée par les sanctions américaines visant le brut iranien.  Néanmoins, INSTEX ne sera pas utilisé par les grandes multinationales ni par les sociétés européennes fortement exposées sur le marché américain. Cela réduit donc le nombre d’utilisateurs potentiels. De plus, il existe déjà des moyens de paiement pour les importations de matières premières vitales. Via des pays tiers, les iraniens assurent le paiement de denrées alimentaires tels que le soja, le beurre, le blé ou encore la viande de boeuf. Enfin, pour les entreprises dans les secteurs de la santé ou l’agroalimentaire, l’obligation d’enregistrement des produits les oblige de toute façon à se montrer patientes. Elles peuvent donc mettre à profit cette période d’incertitude afin d’être parmi celles qui profiteront des prochaines éclaircies.

Système NIMA pour les importations

Le gouvernement iranien via la Banque Centrale a mis un nouveau système en place pour les importations afin de contrôler les échanges de devises étrangères (FOREX) et d’obliger certains exportateurs à fournir leurs devises aux importateurs : le système NIMA. L’ingéniosité de ce système est qu’il contrôle les échanges sans pour autant obliger les exportateurs iraniens à rapatrier leurs devises en Iran. L’argent est donc disponible à l’étranger afin de faciliter les paiements des importations.

Si vous souhaitez recevoir des informations et/ou conseils précis au sujet du système NIMA, n’hésitez pas à contacter le Conseiller économique et commercial de l’AWEX à Téhéran, Christophe SMITZ.

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