Indicateurs économiques

Selon un classement établi par le FMI, le Luxembourg restait fin 2022 le pays présentant le PIB par habitant le plus élevé au monde, devant Singapour, l’Irlande, le Qatar, le territoire de Macao et la Suisse. Il convient toutefois de noter que cet indicateur est quelque peu biaisé en raison de l’importance du travail frontalier (les 210.000 frontaliers qui traversent la frontière chaque jour pour venir y travailler, bien que produisant des richesses pour le Grand-Duché, ne sont pas pris en compte dans le calcul du PIB par habitant puisqu’ils ne sont pas résidents). 

D’après Eurostat, le niveau de PIB/habitant en standard de pouvoir d’achat était, en 2022 au Grand-Duché, plus de 2,6 fois supérieur à la moyenne de l’UE.

Alors qu’avant l’irruption de la pandémie de Covid-19, entre 2013 et 2019, le PIBaffichait une croissance moyenne de 2,8% par an, l’économie luxembourgeoise a enregistré en 2021 un taux de croissance de 6,9%. Les perspectives pour 2022 – qui tablaient en début d’année sur une croissance de près de 4% – ont, comme ailleurs en Europe, été revues à la baisse suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Après avoir plafonné à 1,5% en 2022, la croissance du PIB devrait, selon les prévisions économiques de printemps de la Commission européenne, rester stable en 2023, à 1,6% (contre 1,1% pour la zone euro), avant de remonter à 2,4% en 2024 (1,6% pour la zone euro), sur fond de reprise modeste des exportations et de l’investissement privé, et de poursuite d’une hausse vigoureuse de la consommation intérieure (résultant de la hausse des revenus réels disponibles induite par trois vagues d’indexation des salaires et une politique budgétaire expansionniste).

Les mesures du gouvernement, découlant des discussions tripartites avec les partenaires sociaux, et représentant quelques 3 % du PIB sur la période 2022-2023, ont permis d’atténuer les effets négatifs de l’inflation pour les ménages et les entreprises. Ces mesures, couplées à d’importants investissements publics (en moyenne 4 % du PIB), devraient continuer de peser sur le solde des administrations publiques en 2024, même si le gouvernement devrait réduire la voilure au vu du retour à la normale des prix de l’énergie. D’un déficit public de 2,2 milliards d’euros en 2020, le Luxembourg est passé en 2021 à un solde de 519 millions d’euros (soit 0,7 % du PIB), puis de 138 millions d’euros en 2022 (0,2 % du PIB). Selon l’OCDE, ce solde budgétaire devrait toutefois se détériorer à près de - 2,5 % du PIB en 2023.

Quant au ratio de la dette publique par rapport au PIB, il a  très légèrement augmenté, passant de 24,5 % à la fin de 2021 à 24,6 % fin 2022, demeurant dans les limites du seuil maximal de 30% fixé par la coalition gouvernementale lors de sa prise de fonction en 2018 (l’objectif de celui-ci étant de préserver le triple A du Luxembourg auprès des agences de notation). Le pays n’en conserve pas moins le taux d’endettement le plus faible de la zone euro après l’Estonie.

En janvier 2023, l’agence de notation internationale Fitch a d’ailleurs maintenu la note triple A du Luxembourg, perspective stable, justifiée par la résilience de l’économie et par la politique budgétaire prudente menée par le gouvernement, permettant au pouvoir d’achat, à la consommation privée et au niveau des investissements de continuer à évoluer favorablement. L’agence Scope Ratings a confirmé ce triple A en juin 2023, soulignant également le dynamisme du marché du travail et le niveau élevé de création d’emplois, et ce malgré la pénurie de main-d’œuvre, qui constitue un défi pour de nombreux secteurs. 

Dans sa dernière étude économique consacrée au Luxembourg (novembre 2022), l’OCDE pointait néanmoins la nécessité, à moyen terme, de relever la croissance de la productivité et surtout de réformer le système de retraite pour allonger la vie active vu le vieillissement de la population.  

Après un niveau record en 2022, conséquence de la flambée des prix mondiaux des matières premières, l’inflation globale montre des signes de décélération début 2023, s’établissant en-dessous de 3 % en avril 2023, soit le plus faible taux observé dans l’UE selon l’OCDE. Pour 2024, l’inflation estimée par le Statec (Institut national de la statistique et des études économiques) s’établit à 2,8%. Après avoir augmenté de plus de 90 % depuis 2015, les prix de l’immobilier résidentiel ont par ailleurs commencé à refluer à la fin de 2022.

Le marché du travail s’est montré à ce jour résilient : le taux de chômage était selon le Statec de 5% en mai 2023 (contre 6,5 % dans la zone euro), le nombre de postes vacants étant quant à lui redescendu sous la barre des 10.000 (- 26,9% en un an).

Principaux secteurs d'activité

Avec la découverte du minerai de fer au 19ème siècle va se développer au Luxembourg une puissante industrie sidérurgique qui va, dès le milieu du 20ème siècle, connaître un essor considérable, générant l’essentiel de la croissance et de la richesse du pays. Dans les années 1970, le premier choc pétrolier puis la crise sidérurgique font prendre conscience des dangers de la structure monolithique de l’industrie luxembourgeoise, et de la nécessité d’une plus grande diversification du tissu industriel et même de l’économie en général. Le mouvement avait déjà été amorcé par les autorités luxembourgeoises qui sont parvenues, dès les années 1950-1960, à attirer sur leur sol des multinationales, notamment américaines. Leur vision reposait alors sur trois axes : la mise en œuvre d’une coopération économique européenne, une politique volontariste dotée de moyens propices à l’investissement, et le développement d’un centre financier international.

Si le dernier quart du 20ème siècle assiste au déclin de l’industrie sidérurgique, le secteur financier va, dès les années 1980, prendre la relève et fortement se développer, principalement en raison d’un cadre réglementaire et fiscal très favorable. La crise financière de 2008 ne manquera pas de rappeler toutefois la vulnérabilité qui découle d’une forte dépendance à un seul secteur d’activité.

Conscient de ce risque, le gouvernement luxembourgeois a, dès 2002, initié la « Luxembourg Cluster Initiative » afin d’encourager une politique économique diversifiée et de moins dépendre du secteur financier. Gérés par l’agence Luxinnovation, les clusters se concentrent sur des technologies ou secteurs considérés comme stratégiques car à forte valeur ajoutée pour le pays (Automobility ; HealthTech ; CleanTech ; Creative Industries ; Wood ; Materials and Manufacturing). Également piloté par Luxinnovation, le programme-phare « Fit 4 Start » lancé par le gouvernement en 2015 – et qui a depuis bénéficié de plus de 10 millions d’euros de financement – entend par ailleurs faire des startups (actives dans les secteurs des technologies de la santé, de l’espace, des TIC et, depuis peu, du calcul haute performance et de l’analyse de données) le fer de lance de l’économie. Les autorités promeuvent aussi l’effort de recherche-développement, à travers l’Université de Luxembourg mais aussi des instituts de recherche présents sur la scène internationale, dont le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST). 

Le secteur financier n’en conserve pas moins une importance prépondérante dans l’économie, représentant près de 27% du PIB. La place financière luxembourgeoise est devenue un centre financier d’envergure internationale (elle est le siège de plus de 120 banques issues de 25 pays, détenant environ 1000 milliards d’actifs), et le deuxième centre de fonds d’investissement au monde (5140 milliards d’euros d’actifs gérés) derrière les Etats Unis. Les piliers du secteur sont le marché interbancaire, le « private banking », l’administration et la distribution de fonds d’investissement ainsi que toutes les activités connexes, mais aussi, depuis plus récemment, les activités d’assurance et de réassurance.

Le secteur tertiaire dans son ensemble, qui contribue à plus de 80% de la richesse nationale, occupe 88,5% de la population active. L’économie marchande représente près de 41.000 entreprises, dont plus de 35.000 dans l’activité marchande non financière, employant près de 370.000 personnes. En termes d’emploi, le commerce arrive en tête, suivi de la construction puis des activités financières et d’assurances.

Quant à la fonction publique, avec plus de 32.000 agents actifs au 1er mai 2022, elle reste le plus grand employeur du Luxembourg. S’y ajoutent plus de 14.000 fonctionnaires européens implantés au Grand-Duché. Le groupe Post (services postaux, télécommunications et banque) est quant à lui le premier employeur privé du pays.

L’une des caractéristiques des entreprises installées au Grand-Duché est la forte proportion d’entreprises unipersonnelles (39% en 2019, tandis que 47% d’entreprises comptaient moins de 10 salariés). Bien qu’ayant progressivement perdu en importance dans l’économie luxembourgeoise, l’industrie concentre la plus large proportion de grandes entreprises ; elle conserve par ailleurs plus de 10% de l’emploi salarié total, et représente en 2022, selon la Banque Mondiale, 12,3% du PIB. Parmi les principaux secteurs : la branche « caoutchouc/plastique » (GoodYear), les produits minéraux non métalliques (industrie du verre (Guardian), fabrication de ciment et de béton,….), l’industrie chimique (DuPont de Nemours) et toujours la sidérurgie, grâce à la présence d’ArcelorMittal.

Enfin, le poids de l’agriculture dans l’économie luxembourgeoise va en diminuant (elle représentait 0,2% du PIB en 2021). Alors que près de la moitié de la superficie nationale est en surface agricole, le nombre d’exploitations régresse (1650 exploitations en 2020), mais leur surface moyenne augmente (plus du tiers font 70 ha ou plus). Plus de 50% de ces exploitations sont spécialisées en élevage d’herbivores. Si environ 5% des terres sont aujourd’hui consacrées à l’agriculture biologique, le Luxembourg s’est fixé pour objectif d’atteindre en 2025 un taux de 20% de produits biologiques dans la production agricole locale. Le vignoble luxembourgeois représentait quant à lui 1000 ha en 2020 : il a produit cette année-là 10 millions de litres de vin, équivalant à 0,04% de la production mondiale.

A noter encore que les frontaliers représentaient 47% des travailleurs en 2022 (ils étaient 3% en 1961).  

Commerce extérieur et investissements étrangers

Chiffres du commerce extérieur

De par sa localisation géographique stratégique, son développement continu des relations extérieures et son intégration dans des espaces plus larges, la dimension de l’économie luxembourgeoise et la taille de son marché local dépassent largement celle du territoire national. Le commerce extérieur représentait en 2020 390,3% du PIB luxembourgeois, soit le plus haut niveau au monde selon la Banque Mondiale.

Les trois principaux partenaires du Luxembourg sont ses voisins directs : l’Allemagne, la France et la Belgique concentrent en effet plus de 50% de l’ensemble des échanges commerciaux. Au-delà de l’atout que constitue la proximité géographique de ces marchés, les Luxembourgeois jouissent d’une excellente connaissance des cultures germanophone et francophone. S’il a progressivement pu élargir ses relations commerciales au niveau international, notamment avec les Etats unis, les pays asiatiques et le Moyen-Orient, le Grand-Duché reste très dépendant de ses partenaires de l’UE : le commerce intra-UE représente 80% des exportations du pays, tandis que 89% des importations luxembourgeoises proviennent d’Etats membres de l’UE.

Économie de services développée et orientée vers l’international, le Luxembourg présente une balance courante largement excédentaire (242 millions d’euros  au 1er trimestre 2023) : bien que la balance commerciale des biens soit structurellement négative (le déficit s’est élevé à près de 8,9 milliards d’euros en 2022), cette dernière est en effet largement compensée par l’excédent de la balance des services, dont les trois quarts sont à imputer aux services financiers. Ceux-ci ont d’ailleurs constitué un facteur de résilience de l’économie luxembourgeoise durant la crise sanitaire puisqu’il s’agit du seul poste, avec le fret aérien, dont les exportations ont progressé en 2020, dans un contexte généralisé de chute des échanges. De manière générale, les échanges de services représentent 85% du commerce extérieur luxembourgeois.

Parmi les biens exportés par le Grand-Duché, les principales exportations concernent les produits manufacturés en métaux (cornières, formes et profilés en fer ou en acier non allié, palplanches en fer ou en acier), les automobiles ou encore les pneus. Les importations sont dominées par les voitures, les huiles de pétrole, les déchets et débris ferreux et les médicaments. Une part importante de ces biens est transportée par Cargolux, l’une des plus grosses compagnies aériennes exclusivement cargo d’Europe.

Détenant constamment, depuis 2013, davantage de créances que d’engagements vis-à-vis du reste du monde, le Grand-Duché continue d’afficher une solide position extérieure nette positive.

 

Attractivité vis-à-vis des investisseurs étrangers

En 2020, le Forum Economique Mondial classait le Luxembourg au 18ème rang de l’indice de compétitivité mondiale. La même année, il pointait à la 72ème position (sur 190 économies) dans le rapport Doing Business de la Banque Mondiale.

Selon la dernière édition de l’enquête d’attractivité de EY, si le Luxembourg occupe la 23ème place du classement des destinations européennes pour les investissements étrangers (37 projets annoncés en 2022,  en hausse de 48%), elle se classe première en ce qui concerne le nombre de projets d’investissement par habitant (avec 5,83 projets/100.000 habitants).

Le secteur financier concentre 27% de ces investissements (contre 5% en moyenne en Europe). La tendance est néanmoins à la baisse, en lien avec un manque d’agilité perçu par les investisseurs dans les domaines de la finance et de la gestion d’actifs, essentiellement au niveau de la vitesse de transposition ; davantage de proactivité est par ailleurs attendue des autorités pour façonner le paysage de la finance durable. Le secteur du numérique, de l’informatique et des logiciels suit avec 24% des projets. Si les projets directement liés au secteur manufacturier (fabrication, R&D, logistique,…) ont diminué de moitié, l’étude souligne les atouts de l’écosystème du Luxembourg (son héritage industriel, ses bonnes infrastructures et sa position centrale notamment) comme susceptibles d’attirer des investisseurs industriels. Le potentiel du secteur spatial en matière d’attraction d’acteurs internationaux est particulièrement pointé.

Les principaux défis identifiés pour maintenir et améliorer l’attractivité du pays sont liés à l’acquisition des talents dans un contexte de pénurie et aux questions fiscales (appel à plus de certitude, de pragmatisme et de simplicité).

Echanges entre la Belgique et le Grand-Duché de Luxembourg

Avec 1,75% du total des exportations belges, le Luxembourg est en 2022 le 12ème client de la Belgique. 

0,41% du total des importations belges provenaient en 2022 du Grand-Duché de Luxembourg, ce qui en fait le 30ème fournisseur du pays. 

La balance commerciale entre la Belgique et le Luxembourg affichait, en 2022, un solde positif en faveur de notre pays (5,24 milliards d’euros, contre 4,05 milliards en 2021).

Echanges entre la Wallonie et le Grand-Duché de Luxembourg

Exportations

Le Grand-Duché de Luxembourg est le 7ème client de la Wallonie, avec 4,07% du total des exportations wallonnes. Il se situe derrière la France, l’Allemagne, les Etats-Unis, les Pays-Bas, l’Italie et l’Espagne. 

Dans le contexte de reprise de l’économie mondiale, les exportations wallonnes vers le Luxembourg ont connu une forte augmentation en 2022 : elles se sont élevées à plus de 2,44 milliard d’euros, représentant une croissance de 44,8% par rapport à 2021. 

Les produits minéraux constituent en 2022 le principal secteur d’exportation (représentant plus de 50% de toutes les exportations wallonnes vers le Luxembourg, en hausse de près de 140 % par rapport à 2021). Viennent ensuite le matériel de transport ; les produits alimentaires, boissons et tabacs ; les produits des industries chimiques et produits pharmaceutiques ; et les métaux communs et ouvrages en ces métaux. 

Quant à la part de la Wallonie dans le total des exportations de la Belgique vers le Luxembourg, alors qu’elle oscille généralement, pour la plupart des destinations, entre 15 et 20 %, elle était de 35,4 % en 2022.

 

Importations

Le Luxembourg figurait, en 2022, à la 12ème place du classement des fournisseurs de la Wallonie, avec 1,41% du total des importations wallonnes. 

Durant cette période, les importations de la Wallonie en provenance du Luxembourg se sont élevées à 615,6 millions d’euros, en hausse de 5,1%.

 

Balance commerciale

Alors qu’elle était déficitaire depuis 2015, la balance commerciale entre la Wallonie et le Luxembourg affiche, depuis 2018, un solde positif en faveur de notre région. En 2022, ce solde s’est élevé à 1,82 milliard d’euros.

A noter que seuls les échanges de marchandises sont ici pris en considération.  

Les échanges de services entre la Wallonie et le Grand-Duché de Luxembourg, même s’ils ne sont pas traçables d’un point de vue statistique à l’heure actuelle, sont extrêmement intenses. Ils avanceraient probablement la position du Luxembourg au 4ème ou 5ème rang des clients de la Wallonie. 

Sources

Banque nationale de Belgique : Bienvenue sur le site de la Banque nationale de Belgique | nbb.be

EIU Viewpoint Country Analysis : EIU Viewpoint | Economist Intelligence Unit

OCDE – perspectives économiques : Perspectives économiques de l'OCDE (oecd.org)

Prévisions économiques de la Commission Européenne : Prévisions économiques de l'été 2022 (europa.eu)

Fond Monétaire International : Fonds Monétaire International -- Page d'accueil du FMI (imf.org)

Banque Mondiale : Luxembourg | Data (banquemondiale.org)

Eurostat : Home - Eurostat (europa.eu)

EY European Investment Monitor : Luxembourg attractiveness survey | EY Luxembourg

STATEC, Institut national de la statistique et des études économiques du Grand-Duché de Luxembourg : Statistiques - Luxembourg - Statistiques - Luxembourg (public.lu)

 

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