L’économie sud-africaine souffre depuis plusieurs années d’une croissance atone. Le taux de croissance du produit intérieur brut (PIB) était encore de 2,5% en 2013. Depuis, il n’a cessé de baisser: 1,6% en 2014, 1,3% en 2015 et seulement 0,3% en 2016. Pour l’année 2017, il ne devrait pas dépasser 0,7% selon les prévisions les plus optimistes. 

Plusieurs facteurs externes expliquent en partie cette situation préoccupante. En 2015 et 2016, l'Afrique du Sud a été fortement pénalisée par la chute des cours des matières premières et par le ralentissement de l’économie mondiale, en particulier en provenance de la Chine. En outre, le pays a subi sa pire sécheresse depuis trente ans. A telle enseigne que l'Afrique du Sud, pourtant le plus gros producteur africain de maïs, a dû en importer pour la première fois depuis 2008!

Pourtant l’année 2017 a été excellente en termes de pluviosité, le secteur agricole en a d’ailleurs largement profité. Quant à la croissance mondiale, elle s’est bien reprise et les cours des matières premières ont connu une embellie. Comment dès lors expliquer que l’Afrique du sud soit restée en panne de croissance, sur le bord de la route ? L’explication principale tient en deux mots: mauvaise gouvernance ! La gestion du pays par le président Jacob Zuma, ces deux dernières années, a été calamiteuse. Il s’est empêtré dans des scandales politico-financiers à répétition, de lourds soupçons de corruption et de capture de l’état par des proches pèsent sur lui. Il a écarté autoritairement ceux qui osaient faire barrage à ses projets, révoquant ainsi nombre de ministres (on a connu trois Ministres des finances différents en une seule semaine !), hauts-fonctionnaires et dirigeants de parastataux, compétents et dévoués. De telles décisions ont entrainé l’abaissement de la dette souveraine de l’Afrique du Sud par les grandes agences de notation en catégorie dite spéculatives (junk), ce qui a considérablement pesé sur les finances publiques, en raison de la hausse des coûts des emprunts d’état, et des flux d’investissements sortant. Ses nominations de proches à la tête des grandes entreprises publiques comme Eskom (énergie), SABC (opérateur public de TV et radio), Transnet (infrastructures portuaires et ferroviaires, chemins de fer) et South African Airlines (SAA) ont conduit ces derniers au chaos généralisé. Toutes sont aujourd’hui en état de faillite virtuelle. Pour renflouer SAA une XIème fois, il est fortement question de vendre une partie des actifs de Telkom, l’opérateur public de télécommunication, probablement le seul parastatal qui arrivait encore à tirer son épingle du jeu. Dans le secteur des mines, le Ministre Mosebenzi Zwane, à peine désigné par Jacob Zuma, a décidé, sans aucune concertation avec le secteur privé, que 30% du capital des sociétés minières soit désormais détenu par des actionnaires noirs (en vertu de la politique du Black Economic Empowerment), alors que ce seuil n’était que de 15 % jusqu’à présent. Cette décision a provoqué un coup d’arrêt dans un secteur déjà durement touché par la baisse des prix des matières premières ces dernières années. Les sociétés minières ont immédiatement gelé tout projet d’expansion et agité la menace de nouvelles suppressions massives d’emplois, dans un secteur qui en avait déjà perdu 70.000 entre 2012 et 2016. 

Tout ceci est très préoccupant dans un pays où plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté. Le chômage atteint désormais 27,7% de la population active, et dépasse les 50% pour la tranche des 15-24 ans.

Pourtant, l’année 2017 s’est terminée sur une note positive pour le monde économique et la démocratie au sens large, avec la victoire en décembre aux élections de l’ANC, le parti au pouvoir, de celui qui s’est érigé en adversaire politique de Jacob Zuma, Cyril Ramaphosa. Cette victoire, encore inespérée il y a quelques mois, va sans doute changer considérablement la donne. Les élections législatives en Afrique du sud n’auront lieu qu’en 2019, mais il est très probable que le président Zuma va devoir céder rapidement la place, soit à Cyril Ramaphosa lui-même, soit à un président intérimaire de consensus. Avec  Ramaphosa, ou un proche, à la tête du pays, l’Afrique du Sud pourrait connaitre un redressement économique très rapide.

En effet, moins d’un mois après son élection à la tête de l’ANC, les premiers effets de l’ère Ramaphosa se font déjà sentir. Les premières têtes sont déjà tombées au sein des parastataux et des départements ministériels. Un vent incroyable d‘optimisme souffle sur le monde des affaires. Le « All share Index », l’index de référence de la bourse de Johannesbourg vient de crever le plafond des 62.000 points, un nouveau record. Le rand sud-africain est en forte hausse. Cyril Ramaphosa, qui conduit actuellement le « team South Africa » au sommet de Davos, est au centre de toutes les attentions…

L’Afrique du Sud semble donc en train de sortir de sa torpeur, de se réveiller après ce qui apparait comme un long cauchemar. Et ceci nous ramène aux fondamentaux d’un pays qui faisait, jusqu’il y a peu, l’admiration des analystes pour son modèle démocratique, pour la résilience d’une économie gérée avec prudence et sérieux, à la fois par le gouvernement et par la Banque centrale, pour son ouverture sur l’extérieur et pour son désir et sa capacité à jouer un rôle moteur dans le concert des nations.

Rappelons, à ce sujet, que l’Afrique du sud est le seul pays du continent africain à siéger au G20 et le seul membre africain du bloc des BRICS. Insistons aussi sur le dynamisme et la vitalité de ses relations avec l’Union Européenne, son principal partenaire économique : en effet, près de 80% des stocks d’investissements étrangers proviennent de l’UE et celle-ci absorbe 30 % des exportations sud-africaines, ce qui en fait son premier client, loin devant la Chine ou les USA. Les deux partenaires sont associés au travers de l’EPA (Economic Partnership Agreement), un accord de libre échange qui fait figure de modèle. En vertu de cet accord de type asymétrique, l'UE a entièrement ou partiellement supprimé les droits de douane pour 98,7% des importations en provenance de l'Afrique du Sud.

En revanche, l’Afrique du sud et les autres pays signataires de l’EPA (les membres de la SACU - l'Union douanière d'Afrique australe), ont supprimé les droits de douanes pour environ 86% des importations provenant de l'UE.

S’il y a bien une leçon à tirer des derniers événements politico-économiques, c’est que l’Afrique du sud est une formidable démocratie et que son système judicaire est exemplaire.

Elle offre un cadre réglementaire stable, prévisible, à la hauteur de celui des pays développés, qui permet une expansion commerciale, ou même industrielle, dans d’excellentes conditions. De ce fait, et en prenant en compte également les conditions de vie, de travail, de transport et de communication offertes par le pays, un nombre important  de sociétés internationales ont choisi l’Afrique du Sud pour établir leur base régionale en direction de l’Afrique australe, de l’Afrique de l’Est, mais aussi, de plus en plus, de l’Afrique sub-saharienne dans son ensemble à l’instar des sociétés sud-africaines elles-mêmes. Et n’oublions pas que la croissance économique moyenne de l’Afrique sub-saharienne et sa démographie («Afrique, jeunesse du monde») font de l’Afrique subsaharienne la deuxième région la plus dynamique après l’Asie.

Echanges avec la Wallonie

Fin 2016 (année complète), l’Afrique du Sud était le 40ème client de la Wallonie. Concrètement, les exportations wallonnes vers ce pays s’élevaient à 84,83 millions d’€, ce qui faisait de ce marché le troisième client de la Wallonie issu du continent africain, juste derrière le Nigéria et le Maroc, mais devant l’Algérie, l’Ethiopie et l’Egypte notamment.

Par rapport aux années précédentes et après une diminution importante et ininterrompue depuis 2012 (- 3,7 % en 2015, - 19,5 % en 2014 et – 16,5 % en 2013), les exportations wallonnes vers l’Afrique du Sud se sont enfin stabilisées. On notera que la baisse qui avait été particulièrement importante entre 2012 et 2014 et avait considérablement ralenti en 2015, a donc été stoppée en 2016. Cette baisse s’expliquait notamment, en partie au moins, par la forte dévaluation du rand sud-africain (entre 2012 et 2015) par rapport à l’Euro. On peut donc espérer des jours meilleurs en 2017.

En l’occurrence, les premières statistiques pour l’année 2017 semblent particulièrement encourageantes. En effet, une hausse importante des exportations wallonnes (+ 36,2 % au cours du 1er semestre 2017 par rapport à la même période en 2016) a été enregistrée.

Fin 2016, les marchandises wallonnes les plus exportées en Afrique du Sud étaient:

  • les produits chimiques et pharmaceutiques (39,5 % du total);
  • les machines et équipements mécaniques (17,7 %);
  • les matières plastiques et caoutchouc (11,0 %);
  • et es métaux communs et ouvrages (9,9 %).

Fin 2016, l’Afrique du Sud était le 25ème fournisseur de la Wallonie, les importations wallonnes en provenance de ce pays s’élevant à 127 millions d’€.

En ce qui concerne les importations, on constate une importante diminution (- 10,1 % en 2016) de nos échanges. Malgré cette baisse, l’Afrique du Sud demeure le 25ème fournisseur de la Wallonie, comme c’était déjà le cas en 2015.

Au plan sectoriel, les importations wallonnes concernent essentiellement deux secteurs;

  • les «Métaux communs et ouvrages en ces métaux» (81,13% du total);
  • et les Machines et équipements mécaniques, électriques et électroniques (13,18 % du total).

Echanges avec la Belgique

Fin 2016, l’Afrique du Sud était de 38ème plus important client de la Belgique, grâce à des exportations belges de 786,37 millions d’€. Ce montant signifie que l’Afrique du Sud absorbe 0,32 % des exportations belges totales.

En comparaison avec les années précédentes, force est constater l’érosion des exportations belges en Afrique du Sud. En effet, celles-ci s’élevaient à 1.044,89millions d’€ en 2012 et n’ont malheureusement plus cessé de diminuer depuis:

  • 863,29 millions en 2013 (- 17,4 % par rapport à 2012);
  • 831,43 millions en 2014 (- 3,7 % par rapport à 2013);
  • 834,57 millions en 2015 (+ 0,4 % par rapport à 2014);
  • 786,37 millions en 2016 (- 5,8 % par rapport à 2015).

Il est vrai que ces exportations avaient connu une progression constante entre 2008 et 2012. Par ailleurs, on notera que la diminution des exportations vers l’Afrique du sud s’explique, en partie au moins, par la forte dévaluation du rand sud-africain entre 2012 et 2015 par rapport à l’Euro.

Heureusement, les premières statistiques pour l’année 2017 laissent entrevoir une belle amélioration. En effet, une hausse relativement importante des exportations belges (+ 19,4 % au cours du 1er semestre 2017 par rapport à la même période en 2016) a été constatée.

Les principaux produits exportés en 2016 par la Belgique sont:

  • les produits chimiques et pharmaceutiques (23,63 %);
  • les machines et appareils (17,49 % du total);
  • les matières plastiques et le caoutchouc (11,23 %);
  • le matériel de transport (10,65 %).

Fin 2016, l’Afrique du Sud était le 24ème fournisseur de la Belgique. En effet, les importations de la Belgique provenant d’Afrique du Sud s’élevaient à 1.796,06 millions d’€.

Contrairement aux exportations, les importations belges en provenance d’Afrique du Sud augmentent depuis trois ans (+ 17,8% en 2016, + 15,3 % en 2015 par rapport à 2014 et + 8,4 % en 2014 par rapport à 2013).

En 2016, les exportations sud-africaines représentaient 0,73 % des importations totales de la Belgique.

Les principaux produits sud-africains importés en 2016 par la Belgique sont:

  • les perles, pierres et métaux précieux (53,42 % du total);
  • le matériel de transport (22,87 %);
  • les métaux communs et ouvrages (12,60 %).
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